La vie familiale (début)

 

Nous allons arrêter de branler. Depuis une semaine, je cherche la meilleure façon de rendre compte de la vie familiale et beaucoup de feuilles se seraient retrouvées à la poubelle si j'avais procédé autrement qu'avec l'ordinateur. Par contre il m'aurait resté des brouillons de mes écrits, ce qui n'est pas le cas à partir du clavier. Dans les quelques paragraphes écrits je retrouvais toujours des éléments qui figurent dans l'un ou l'autre des thèmes. Je viens donc d'opter à tort ou à raison d'y aller par décennies et de regrouper, même s'il y a des  répétitions, les événements qui ont marqué nos vies ou encore ce dont nous nous souvenons car il va de soi que cela fait longtemps que la disquette est pleine et elle s'est chargée de se faire de la place selon son bon vouloir.

Cela fait quelques jours que je m'amuse en essayant d'y aller par décennies mais il y a beaucoup de répétitions. Notre épopée familiale se vit à travers chacun des thèmes et ce qui pourrait m'avoir échappé sera ajouté au besoin aux bons endroits.

Aussi, modifications majeures de ce thème car j'écrirai une biographie de chacun des enfants avec leur aide car besoin est. Dans cette première ébauche j'arrêterai  immédiatement après leur naissance et reviendrai sur le sujet dès que j'aurai tous les renseignements pertinents. Des photos s'ajouteront à la fin de l'exercice à moins que je ne change d'idée. Les petits-enfants s'ajouteront à la toute fin de leurs parents et cela « éventuellement ».


CHANTALE


Lorsque nous avons délaissé notre loyer de l’avenue Centrale, nous avions l’intention de mettre en œuvre nos plans élaborés au Donjon sur des napkings que nous n’avons malheureusement pas conservées. Nous aurions, plus de cinquante ans plus tard, pu vérifier l’état de l’avancement de nos rêves.

À l’époque il était clair pour nous que nous aurions beaucoup d’enfants. Il y a même des scénarios où nous en avions huit et nous avions imaginé toutes sortes de procédés pour les repas, les couches, etc. Heureusement, nous ne sommes pas allés au bout de tous nos rêves.

D’ailleurs, un fois bien installés au 106 A Place-Vanier, une chambre attendait que notre rêve de maternité et de paternité naisse. Ce fut plus long que nous pensions si bien que nous avons pensé adopter. En effet des tests ont révélé que mes petits soldats étaient en mesure d’effectuer leur l’ouvrage et du côté de Blanche tout était correct aussi pour qu’elle puisse procréer. Rien n’empêchait que nous ayons des enfants. . Il nous fallait juste être patient. C’est d’ailleurs ce que le Dr Lorrain nous avait dit. Être patients : ce n’était pas notre fort.

Après une fausse couche, nous fûmes récompensés. L’année 1968 fera de nous des parents mais avant d’en arriver au 17 décembre, le Québec aura vécu beaucoup d’événements.

Ainsi, nous assisterons en août à la naissance du Mouvement-souveraineté-association avec René Lévesque en tête. Le MSA et le RN de Gilles Grégoire s‘unissent (Ralliement national). Le parti québécois sera formé le 12 octobre et René Lévesque en sera le président. Pierre-Elliott Trudeau deviendra premier ministre du Canada en remplacement de Lester B, Pearson. Le premier ministre du Québec, M. Daniel Johnson décède d’une crise cardiaque alors qu’il était à la Manicouagan. Il sera remplacé par Jean-Jacques Bertrand jusqu’au 12 mai 1970 toujours sous la bannière de l’Union nationale.

Au mois d’avril, le 2, le maire de Montréal Jean Drapeau lance la taxe volontaire qui deviendra l’ancêtre de Loto-Québec. La Saint-Jean Baptiste du 24 juin sera connue comme le Lundi de la matraque à cause des émeutes survenues.

Côté sport, le Canadien remporte la coupe Stanley le 11 mai et le 27, Montréal obtient une concession du baseball majeur, équipe qui deviendra les Expos et qui sera en action au printemps 1969 au Parc Jarry. En septembre, une première course automobile au Québec aura lieu au circuit du Mont-Tremblant. Le circuit Gilles Villeneuve viendra plus tard.

Le 31 mai, Pierre Grondin de l’Institut de Cardiologie de Montréal réalise la première greffe du cœur en sol canadien et M. Gaétan Paris en a bénéficié. Dans le domaine de la culture, la pièce Les belles-sœurs de Michel Tremblay est jouée pour la première fois au Théâtre du Rideau-Vert le 28 août. Et c’est le début des Bye-bye à Radio-Canada le 31 décembre.

Mais de toutes ces dates il faut davantage insister sur le 17 décembre 1968. Sans doute que nous avons eu quelques moments de libre en mars de la même année de sorte que nous avons, Blanche et moi, cimenté notre union. Ainsi Blanche a pu montrer sa bedenne de femme enceinte dans les rues avoisinantes de l’Université de Montréal et de la rue Dupuis pendant les six semaines que nous avons passé aux études.

De retour à notre loyer, nous étions à quatre mois de donner la vie. Nous avons donc préparé la chambre en conséquence et Bébérama de la rue St-Hubert ne fut pas étranger à notre ameublement. Tout va bien. Nous avons dû manquer le mariage de Hélène et de Émile le 7 décembre mais ils se sont repris en venant nous voir par la suite.

Quelques semaines avant l’accouchement nous avons eu droit à tout une fête organiser par l’équipe de l’école auquel se joint d’autres invités. Ce « shower » voulait souligner l’arrivée prochain du bébé. Le tout s’est déroulé au sous-sol du Dix piano bar vers la fin de novembre. Un beau pousse-pousse venait de se joindre à nos préparatifs pour accueillir l’ainée.

Tour est-il que le 16 décembre au matin, un lundi, Blanche m’annonce que les contractions ont commencé. Je ne me souviens pas du temps que cela a duré mais je crois que nous sommes arrivés à l’hôpital vers les 8h30. Les contractions allaient et venaient selon leur bonne humeur. Vers minuit je commence à avoir faim de sorte que je vais me chercher une pizza et la mange dans la face de Blanche. Il aurait peut-être fallu que je mange ailleurs, elle aussi n’avait pas mangé depuis le matin. Cela ne va pas bien, les contractions stagnent. Il est même question de césarienne car le bébé ne passera pas. Des radiographies sont prises et tout s’annonce pour un accouchement naturel. Je n’aurais pas pu assister à l’accouchement si tel n'avait pas été le cas.

Cela finit par débloquer et tout ce beau monde se dirige à la salle d’accouchement. J’assiste, cramponné à Blanche et à la tête de la civière à la naissance de Chantale à 4h15: une belle grosse fille de huit livres et demie avec tout tous ses morceaux. Je m’attendais à voir du sang partout, mais il n’en est rien. C’est phénoménal. La nouvelle maman a très bien fait ça et le Dr Jules Tessier venait de signer un bail. Blanche demeure à l’hôpital et nous téléphonerons à nos familles dans les heures qui suivront. C’est un premier petit-enfant pour mes parents et une deuxième pour Simonne et Adrien, les parents de Blanche. Ghislaine Gaudette et Raymond, son frère, avaient donné naissance à Alain dans les mois précédents.

De retour à la maison, notre train de vie est légèrement modifié. C’est Noël et la période se prête à des festivités locales pour cette année. Mes parents descendront à Val-d’Or pour le baptême de Chantale et exerceront leur pouvoir de marraine et de parrain pour la circonstance. Thérèse agira comme porteuse. Le baptême se déroulera à l’Église St-Joseph avec le curé Halde le 28 décembre.

Isabelle

 

Le téléphone de M. Ubald Robitaille en janvier 1970 nous emballe. Nous étions à la recherche d’un loyer plus grand pour accueillir un deuxième enfant et il nous offre sa maison. Une visite, une offre d’achat assortie d’une clause intéressante et nous voilà propriétaire. Nous prenons possession 91 rue Dorion à la fin de juin 1970.

Avec tout ce qui se passe, pas question d’aller étudier à Montréal durant l’été. Une nouvelle naissance prévue en août est suffisante pour que nous restions sur place. Nous risquons toutefois un voyage aller-retour à Rouyn pour le mariage de mon jeune frère Ghislain avec Renée Allen le 15 août. Nous prenons une chance et tout va bien.

Ce n’est toutefois pas le seul évènement qui a lieu durant cette année 1970. En janvier, Robert Bourassa remplace Jean Lesage à la tête du parti libéral. Ce dernier est considéré comme le père de la révolution tranquille avec son slogan maîtres chez-nous. Quelques années plus tard, après avoir nationalisé l’hydroélectricité, René Lévesque quitte le parti libéral. Je m’en souviens très bien, je jouais aux petits trains chez Raymond cette journée-là. Ce qui m’a parmi de l’imiter encore une fois cigarette à l’appui. Il fonde par la suite le mouvement souveraineté-association et éventuellement le parti québécois.


Le mouvement indépendantiste brasse ses cartes. Au début de l’année, Jacques Lanctôt et Pierre Marcil sont arrêtés et relâchés soupçonnés de l’enlèvement consul d’Israël à Montréal, Moise Golan. Au début de l’été, six membres du FLQ sont arrêtés. Le 5 octobre c’est le début de la crise d’octobre avec l’enlèvement par la FLQ de James Richard Cross, diplomate britannique. Le manifeste du Front de libération du Québec est lu à la radio et à la TV, les 7 et 8 octobre. Le 10, Pierre Laporte est kidnappé à sa résidence par Francis Simard, Paul Rose, Jacques Rose et Bernard Lortie. Le 16, l’état décrète les mesures de guerre, suspendant les droits et les libertés pour donner plus de latitude à l’armée et aux corps de police. 457 arrestations diverses ont lieu. Le 17 octobre, le ministre du travail et de la justice est retrouvé mort dans le coffre d’une voiture. En novembre, 24 arrestations surviennent. Au début de décembre, James Richard Cross est libéré et ses ravisseurs obtiennent un sauf conduit pour l’étranger. A la fin de l’année, les deux frères Rose et Francis Simard sont arrêtés en marge de l’affaire Laporte. Auparavant, le 7 novembre, on a procédé à Québec à l’inauguration du pont Pierre Laporte qui en construction devait se nommer le pont Frontenac.

Dans le domaine politique, Camil Samson remplace Réal Caouette comme chef québécois du Ralliement des créditistes. C’était le 22 mars. Le 29 avril Robert Bourassa est porté au pouvoir avec 72 députés. Jean-Jacques Bertrand de l’Union nationale recueille 17 sièges, le crédit social 12 et le parti québécois 7. En mai le droit de vote est abaissé de 21 à 18 ans partout au Canada pour les élections fédérales. Au Québec, l’âge de 18 ans pour la majorité sera voté en 1971.

Le 1er juillet, une loi canadienne reconnait un statut juridique aux femmes : elles ont le droit « d’exister ». Selon la nouvelle Loi concernant les régimes matrimoniaux, la femme peut désormais administrer ses biens propres. Elle obtient d’autres droits : signer son nom, être jurée, etc.

Le 1er septembre, la société canadienne des postes expérimente le code postal qui devrait accélérer la livraison du courrier. Le 25 octobre, Jean Drapeau remporte la victoire à la mairie de Montréal avec son parti civique. Le 1er novembre, le régime de l’assurance-maladie public et universelle proposé par le ministre Claude Castonguay entre en vigueur. La carte d’assurance-maladie est née et la photo sur la carte de ce soleil de Val-d’Or est l’œuvre de de Robert Larrivière. Un chasseur abitibien a donc fait sa marque à la RAMQ. Depuis la carte soleil a subi quelques modifications mais espérons que le soleil, dorénavant partie du patrimoine, demeurera intact.


La Nuit de la poésie 27 mars 1970 est un événement poétique qui a eu lieu au théâtre Gesù de Montréal et qui a amené 4 000 personnes à venir entendre une cinquantaine de poètes francophones dont Gaston Miron, George Dor, Raymond Lévesque, Raoul Duguay, Gérald Godin., Pauline Julien, Claude Peloquin. Michelle Rossignol.

Dans le domaine sportif, le 12 mai, Montréal se voit octroyer les Jeux olympiques de 1976 et c’est la construction du stade qui débute dans les mois suivants : la stade Taillibert. Jackie Ickx remporte le grand prix de formule I alors que celui-ci est présenté pour la deuxième fois au Mont-Tremblant. Les Alouettes de Montréal remporte leur deuxième coupe Grey.

Le 17 août s’inscrit aussi dans les annales de la province lorsque nous devons déclarer la naissance d’Isabelle, notre deuxième fille. Par suite de contractions qui se manifestaient de plus en plus nous nous sommes présentés à l’hôpital en début de soirée. Auparavant nous avons été porté Chantale chez Raymond et Ghislaine, le frère de Blanche et notre belle-sœur, qui demeuraient sur le chemin Sullivan. Auparavant j’avais téléphoné chez mes beaux-parents pour avoir du renfort de sorte que nous avions prévu nous rencontrer à la station-service sur la grande route 117 à Cadillac pour sauver du temps. Nous nous sommes mal compris car mon beau-père m’attendait au garage Rambler à Malartic. Las d’attendre à Cadillac, et de plus en plus nerveux, j’ai refait le chemin inverse et les ai trouvés. Quand je suis revenu à l’hôpital, Raymond me remplaçait temporairement auprès de Blanche car il ne voulait pas la laisser seule pendant mon absence. Toujours est-il que dans la salle d’accouchement, où j’avais ma place réservée, nous avons vu apparaître une toute petite fille de six livres et demie à 3h56. Elle mesurait 19 pouces. Encore là tout s’est bien déroulé et la fillette ne souffraient d’aucune séquelle.

À la paroisse Notre-Dame de Fatima, elle a hérité des noms de Marie, Simonne et Isabelle. En ce 13 septembre, ses grands-parents Houle ont répondu de sa foi pendant que Thérèse agissait comme porteuse. Paul-Émile Bilodeau, curé de la paroisse, a agi comme célébrant de son baptême. Sa confirmation se fera le 5 juin 1981 à l’Église de Val-Senneville.

Une première sortie en auto semble s’être fait le 9 septembre. Nous sommes allés visiter Ghislaine et Raymond. Une première sortie à l’extérieur se veut une visite à Rouyn chez son parrain et sa marraine, ses grands-parents Simonne et Adrien, le 10 octobre.


A son premier Noël, nous nous sommes rendus à Rouyn et à Lorrainville chez ses grands-parents Laura et Dominique.

À son premier anniversaire elle a eu droit un gros gâteau de fête en forme d’éléphant. C’est ce que nous rapporte son livre de bébé en plus de d’autres détails. Elle a sa chambre seule, celle du milieu jusqu'à l'arrivée de François.

Le 1er septembre 1976 elle était en mesure d’aller en maternelle et celle-ci a eu lieu à l’école Ste-Lucie de Jacola tout comme la première année. C'est lors de cette première année scolaire qu'elle a démontré qu'elle serait séductrice. Un jour, elle revient à la maison et toute fière de nous annoncer qu'elle avait embrassé son chum, Marc Dubé.  Voulant pousser plus loin notre soif du savoir, nous avons voulu savoir où ils s'étaient embrassés. Nous nous attendions comme réponse à sur la bouche, sur la joue. La réponse:  « Nous nous sommes embrassés derrière les blocs.» Révélateur. Elle avait 5-6 ans. C'était peut-être en maternelle.  Faudrait être plus clairs dans nos questions.

Lors de la troisième et la quatrième années, nous avons pu la voir dans les corridors de l’École Ste-Marie. Ensuite l’autobus scolaire la prenait au 247 route des campagnards et l’amenait à l’École St-Isidore de Val-Senneville tout comme son frère et sa sœur ainée. Elle y fit sa cinquième et la sixième.

Par la suite elle prenait l’autobus qui revenait sur ces pas et se rendait pour un an, le secondaire I, en 1983-84 à l’école Sacré-Cœur avant de me rejoindre au Carrefour. L’intérêt pour les études n’étant pas sa marque de commerce, mais le secondaire 1 n’est pas si mal. Elle a fait son secondaire II honorablement. La troisième secondaire a dû être reprise et la rêveuse a abandonné le 27 mai 1987 pour aller travailler.

Une semaine avant son décès, à dix-huit ans, elle avait pris rendez-vous avec l’éducation des adultes et nous devions nous y présenter le jeudi ou le vendredi suivant. Le destin s’est prévalu de ses droits avant que nous nous exécutions. Il en est ainsi de son cours de conduite automobile. Si elle conduit dans les infinis espaces, c’est qu’elle a refait son cours ou bien ils acceptent là-haut que quelqu’un conduise sans permis.

Lors de certains 24 ou 25 décembre, quand les enfants étaient plus jeunes, je faisais le Père Noël chez Jean Guy et Denise Blouin et aussi bien sûr à la maison. Chez les Blouin, le bonhomme Noël avait droit à une assez forte ration de remontant tout en distribuant les cadeaux. Mes rennes me trouvaient parfois un peu « gorlot ». À la maison, il me semble que je passais, par le châssis du sous-sol. Isabelle fut la seule à me reconnaître parce qu’elle avait remarqué ma montre mais j’avais, coïncidence, le même modèle que le vieux à la barbe blanche, que le vieux sage. Un pur hasard. Bizarre. Il y a des millions de montres différentes dans le monde et il a fallu que nous achetions le même modèle avec le même bracelet et que nous la portions dans le même bras. Invraisemblable.

Peu d’activité sportive dans son cas mais une présence au Conservatoire de musique pour y apprendre le violon quelques années. Et les pratiques de violon c’est quelque chose. Fait intéressant lors du service funèbre, un morceau de violon fut interprète par une étudiante. Moment touchant.


Une prune sur le front aurait pu entraîner des conséquences tragiques. À Niagara, je jouais la balle avec elle au terrain de camping. Un de mes lancers l’atteint en plein front de sorte que sur le coup Isabelle s’est sentie défigurée et cela était important pour elle, A la course, elle cherche un miroir et constate les outrages à sa beauté. Et, de notre côté, nous en mettions un peu plus pour lui signaler une très grosse bosse qui enflait à la vitesse de l’éclair. Elle a survécu et nous aussi.

Un autre jour, sur la route des campagnards, j’étais en train de laver la vaisselle ou essuyer et Isabelle me lâche un cri : « Regarde papa ». Elle était en bas de l’escalier et pointait un fusil vers moi. Je déteste les armes à feu et Isabelle n’a pas fait long feu en bas et la carabine est retournée chez Stéphane dans le temps de le dire. Je n’avais pas trouvé ça drôle.

Une fois les études abandonnées elle est demeurée à Sullivan avec Stéphane dans un loyer en arrière d’un dépanneur où elle travaillait.

Avant son décès, on la retrouve au travail quelques fois chez Tim Horton, en face du poste de police de Val-d’Or, au restaurant Dell de Paul Giroux et de façon plus régulière au K-Mart (Kresge) au coin de la 3ième et de la 7ième. Et un peu sur l’assurance-chômage.


Par la suite elle demeure avec nous quelques temps avec nous avant d’accoucher de Stéphanie. Elle était arrivée avec son chien Toupie que j’ai vendu un dollar à une amie des AA. Nous avions trois chiens en même temps et nous n’avions pas de licence de chenil.

Quelques mois après l’accouchement du 25 octobre, elle prend un loyer au 463 de la 8ième avenue et nous la visitons assez régulièrement et si nous y allons à l’heure du souper, Stéphanie a sa place devant la télévision et ne bronche pas devant Passe-partout. Et tout un trésor que sa fille, de l’or pur. Elle s’en occupait seule de façon admirable. Sol aurait dit qu’elle était une « merveilleuse » et il aurait eu complétement raison. Et sûrement que le soir tout comme à la maison nous l’aurions entendue chanter :


Meunier tu dors
Ton moulin ton moulin va trop vite
Meunier tu dors
Ton moulin ton moulin va trop fort !

Refrain :

Ton moulin ton moulin va trop vite
Ton moulin ton moulin va trop fort


Ou encore Pas capable de tirer ma vache de Carmen Campagne

 Je vais à l'étable pour tirer ma vache
Pas capable de tirer ma vache
Je prends un petit banc pour tirer ma vache
Pas capable de tirer ma vache
Je prends un seau d'eau,
Puis j'y lance en pleine face
Les deux yeux bouchés bien dur
Un bon chocolat chaud
Un bon chocolat chaud
 
Si ma mémoire est bonne, Daniel Desjardins, mieux connu par le surnom de Boum-Boum qu’il avait déjà à l’école, est venu me demander d’avoir un local pour pratiquer sa musique sans doute avec une partie de son groupe dont les Bédard. Comme je n’avais pas de surveillant disponible j’hésitais. Puisqu’Isabelle était une de leur amie, il me dit comme ça qu’Isabelle serait avec eux et que s’il se passait quelque chose elle me le dirait sûrement. Je lui ai dit ok en ajoutant, que je ne voulais jamais entendre parler d’eux. Condition non-respectée, nous entendons parler d’eux depuis ce temps et nous les avons vu en spectacle à quelques reprises. Bravo la Chicane. Lors du décès d’isabelle, nous revoyons Boum-Boum bien sérieux adossé au mur de l’entrée du salon funéraire, pensif.

Quand elle habitait sur la 8ième avenue, nous l’avions engagée pour faire du ménage une journée par semaine pour lui assurer un peu de revenu. Fidèle au poste et nous pouvions nous occuper de Stéphanie.

Et le 11 juin 1989, vous en connaissez l’histoire. Trois personnes décèdent dans un accident sur le chemin de l’aéroport. Un rapport de police signé par Alain Ladouceur de la sureté municipale nous relate l’accident. Et le docteur Worthec Gorczyca, omnipraticien à l’Hôpital St-Sauveur signe l’avis de décès. La cause : polytraumatisme.


François


Gros été à Val-d’Or car c’est l’ouverture de la polyvalente en septembre avec le regroupement de quelques écoles, des élèves et des différents personnels. Je dois entrer plus tôt dans les futurs locaux des sciences humaines et voir à l’organisation pour les mois qui viennent, au moins pour l’entrée de septembre 1971.

Pendant ce temps, à la maison, Blanche enceinte d’un troisième enfant travaillera jusqu’à la fin à la salle d’opération. Il n’y a pas grand choix qui existe car l’assurance-chômage n’est pas encore en vigueur pour les femmes enceintes et le temps que l’absence dure ajoute un beau gros zéro comme cumulatif à l’ancienneté. Pour aider à la maison nous avons des dames qui viennent s’occuper des enfants et des tâches ménagères. Les noms reviendront mais je me souviens d’Aurore qui a fait un bon bout de temps.

Toujours est-il que le petit train quotidien bat son plein. Et la province bouge autant que nous. Des manifestations continuent à demander la libération des prisonniers incarcérés lors de la Crise d’octobre pendant que Paul Rose est condamné à la perpétuité pour le meurtre de Pierre Laporte. Le juge donne huit ans de réclusion à Michel Viger pour avoir caché les deux Rose, Paul et Jacques ainsi que Francis Simard. Pierre Vallières annonce sa rupture avec le FLQ et préconisera dorénavant des méthodes plus démocratiques. Il sera suivi par beaucoup de militants qui las de ses techniques songent à plus de diplomatie. Toujours en 1971, le gouvernement Bourassa dévoile le projet hydroélectrique de la Baie James. Ce même gouvernement rejette les accords de la conférence de Victoria pour une refonte de la constitution canadienne.

Dans le domaine culturel, le 16 janvier marque l’inauguration du Grand théâtre de Québec. Dans les évènements divers, notons la tempête du siècle le 4 mars. Partir de la rue Dorion pour se rendre à l’Hôpital fut tout un exploit. Les écoles sont fermées pour au moins trois jours et auparavant il a fallu transporter les étudiants chez eux par les moyens du bord car dès midi, les routes étaient impraticables. Et à Montréal on se promène en ski et en motoneige dans les rues. L'état d'urgence est proclamé pour toute la province de Québec. Sur You tube en inscrivant le 4 mars 1971, vous aurez un beau bulletin de nouvelles.

Le 4 mai, le village de St-Jean-Vianney est englouti par une mer de boue. Résultats : 35 maisons sont détruites sur les soixante-dix que compte le village et une trentaine de morts s’ajoutent au bilan.

Jean Béliveau, no 4 du Canadiens de Montréal, marque 3 buts dont le 500e de sa carrière le 11 février. Henri Richard, le numéro 16 de la même équipe et frère Maurice « Rocket » Richard marquera le but vainqueur dans le septième match en vue de l’obtention de la coupe Stanley.

Et le 15 octobre au matin nous prenons le chemin de l’hôpital avec la petite valise qui nous suivait pour les accouchements et que nous n’avions presque pas eu de temps de vider. Nous avions tenté d’avoir un troisième enfant pour avoir un garçon et nous fumes récompensés. François vient faire ses premiers sourires sous l’œil attendri du personnel de la salle d’accouchement dont le Dr Tessier et Ruth Barrette qui avait aussi vu naître Isabelle. Ruth était une de nos voisines sur la rue Dorion. Né vers 13h15 ce vendredi, nous avons pu annoncer à nos parents que le troisième enfant était un garçon qui s’appellera François et que tous se portaient bien. Mon père en plus d’avoir déjà des petites descendantes avait son descendant en la personne de Frank.

La journée était encore jeune de sorte que je dis à Blanche, n’ayant plus rien à faire à l’hôpital, que je vais aller faire un tour à l’école et répandre la bonne nouvelle avec sans doute des cigares comme les deux autres fois. Elle me dit tout bonnement que je devrais profiter de ma journée de paternité et que l’école ne fermerait pas même si je suis absent. Erreur monumentale. Grossière méprise. J’arrive à l’école autour de quinze heures et dès que j’ouvre la porte d’entrée, j’attends Charles Bourassa, le directeur, annoncer solennellement que l’école doit fermer pour deux semaines. J’aurais donc dû arriver plus vite. Remarquez que cela n’aurait rien changé mais je n’aurais rien eu à raconter.

Rendu à la maison, éventuellement, la chambre du centre est devenue celle de François avec quelques aménagements réalisés à la scie ronde et à l’égoïne. Isabelle a rejoint Chantale dans la chambre du fond quelques mois plus tard.

Pascale     



Nous sommes installés au camping du Lac Blouin et c’est un été magistralement chaud. Blanche, enceinte de notre quatrième poupon, profite, manière de parler, de cette chaleur souvent intense, parfois excessif. La maman travaille jusqu’à la dernière minute sans trop de difficulté et moi j’ai mon mois de vacances sans doute du 15 juillet au 15 août de sorte que nous ne voyageons pas et nous passons l’été sur les bords du lac Blouin pendant que je me prépare à changer encore une fois de chaise à la polyvalente et que Blanche entreprendra un congé sans solde de quelques années. En fait, son congé se terminera en août 81 et elle retournera au travail à temps partiel en finissant à 12h15 et conservant la garde habituelle. Pendant cette période, elle a presque maintenu une petite garderie. Pascale a retrouvé certains amis comme Christine Turpin et Stéphane Lavoie. Née le 20 juillet 1978, Maude, la fille de ma sœur Ghislaine, a aussi fait partie de l’équipage. (Photo)

L’année 1975 est un peu plus tranquille. Dans les domaines culturel et sportif, on assiste à la naissance de Télé-Québec le 19 janvier 1975.La loi créant Radio-Québec avait été voté en 1945 mais en application le 22 février 1968. Une première émission produite par le réseau le fut avec En montant la rivière et je me suis servi de mes bobines enregistrées pour mes cours d’histoire du Canada. Et l’émission Passe-partout prend l’écran d’assaut en 1977 avec tous ses personnages que tous connaissent mais pour un rappel : Passe-Partout, Passe-Carreau, Passe-Montagne, Pruneau, Cannelle, Perlin, Perline, Fardoche et Alakazou, sans oublier grand-papa Bi, Mélodie, Ti-Brin, Rigodon, madame Coucou, Doualé, Carmine, Guillemet, Virgule, Cachou, Biscuit, Bijou, Passe-Poil, Zig Zag, Tintinnabule et Tourmaline. Je le savais, certains noms étaient plus loin dans votre mémoire.

Aux jeux d’hiver du Canada en février, le Québec remporte la première place des provinces canadiennes : une nouveauté. Le bureau de la censure sème des controverses en 1971 avec la sortie des films Après-ski et Pile ou face. Ce bureau de la censure se limitera désormais identifier les catégories de clientèles à qui s’adressent les films. Bobby Hull, des Black Hawks de Chicago, le 14 février, égale un record de Maurice Richard : 50 buts en 50 parties. En juillet, Henri Richard annonce sa retraite après avoir remporté onze coupes Stanley. Le 5 septembre, Gilles Villeneuve remporte le Grand Prix automobile de Trois-Rivières. Le 14 novembre, le gouvernement crée la Régie des installations olympiques qui sera chargée d’assurer la construction des installations olympiques à temps pour les jeux de 1976. En finale de la coupe Grey, les Alouettes s’inclinent 9 à 8 devant Edmonton. Le dernier jour de l’année, le Canadien de Montréal affronte l’Armée rouge et le tout se solde par un verdict nul de 3-3.

Ailleurs, en cavale depuis octobre 1974, Richard Blass est abattu par la police dans un motel de Val-David. Le 4 février, l’escouade des mœurs arrêtent 36 personnes surprises dans leurs activités. Henry Morgentaler fait encore la manchette avec ses cliniques d’avortement. La Charte québécois des droits de la personne est adoptée le 27 juin. Le chef Kirby de Kanawake menace d’expulser de la réserve les Indiennes mariées à des blancs. En août, Robert Bourassa, premier ministre du Québec est prêt à ouvrir le dossier constitutionnel mais le Québec devra avoir des garanties concernant la détermination de son avenir culturel. Une première femme agente à la Sureté du Québec le 11 septembre : Nicole Juteau. Le 4 octobre, l’aéroport de Mirabel est inauguré. Le 11 novembre c’est la signature de la Convention de la Baie-James par le gouvernement du Québec et les représentants des nations Cris et Inuit.

Mais il faut rendre l’année encore plus intéressante. Présentons-nous donc à l’hôpital par ces temps de chaleur en ce 26 août, Blanche s’installe à sa place habituelle dans la salle d’accouchement et tout le personnel reprend ses positions de combat. Et vers les 13h17, une jeune fille exerce ses poumons qui fonctionnent très bien. Elle entrait en scène. Le rideau venait de s’ouvrir. Elle annonçait ses couleurs. Et pire, elle avait choisi la journée du décès de Juliette Béliveau pour nous divulguer ses airs d’artiste.











1 commentaire:

  1. Reste la section enfants a compléter et peut-être le petits-enfants si le cœur leur en dit. Les activités aux Terrasses Versailles Versailles méritent d'être souligné en quelque part. Reste à trouver l'endroit.

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