Le mariage: 9 juillet 1966.

 

                                                                    « Pour réussir un mariage,  il faut continuer  d'être amants quand on est époux.» 

Jean-Jacques Rousseau

 

Déjà en janvier, les préparatifs allaient bon train. Aussitôt que la date du 9 juillet a été acceptée  par le curé de la paroisse St-Bernadette qui était tout heureux de voir que nous avions réussi  le cours de préparation au mariage, nous pouvions aller plus loin. L’heure fut retenue de sorte que j’ai entrepris des démarches avec un ami de la famille, presque cousin, en la personne de Roger Cadotte qui en 1966 avait une cure dans une paroisse à Noranda. Le contact a été établi et il en était fort heureux. Rendez-vous donc à 11 heures le 9 juillet.

Nous réservons pour le diner de noces et nous savons déjà que le 9 il y aura un «jam session». Deux orchestres feront les frais de notre musique. J'en profite pour louer une chambre pour le 8 au soir. Je serai sur place pour mes retouches de maquillage tout comme pour mes parents.

Une visite chez Vachon, et nous choisissions notre gâteau de noces. Il sera livré le 9, journée de la dégustation à l'Hôtel Radio.

Il reste des détails. Nous devons produire notre faire-part. Le tout est acheminé à l’Imprimerie Bolduc et tout nous revient dans les délais et correctement. Le faire-part est accompagné d’une carte et d’une enveloppe réponses. Nous espérons avoir le chiffre final de nos invités le 20 juin.


On passe à la publication des bans. Si on publie trois fois, cela coûte moins cher. Bref, on publie trois fois dans les feuillets paroissiaux de l’Église Sainte-Bernadette de Rouyn et à la Paroisse Notre-Dame-de-Lourdes de Lorrainville. Et malgré trois rappels, il n’y a pas d’opposition. En publiant les bans quelqu’un aurait pu s’opposer à notre mariage. Tel ne fut pas le cas.

Il va nous falloir des joncs pour montrer au monde que nous sommes bel et bien mariés et aussi, puisqu’ils seront bénis le 9 juillet, la grâce de Dieu va nous accompagner tous les jours. J’emploie le mot joncs, mais j’erre. Je dois dire alliances. Le mariage par la bénédiction du représentant de Dieu cimente mon alliance avec Blanche et confirme notre alliance avec Dieu et ceux qui assistent à notre mariage en sont témoins. J’ai toujours la même alliance achetée à la Bijouterie Leduc et elle commence à être très mince. Je pense que c’est la bénédiction qui la tient ensemble. Certaines années, il aurait été  très difficile de la sortir de mon doigt. Rappelez-vous en 1965, je ne pesais que soixante-dix kilogrammes. Par la suite, le chiffre a monté et là ce n’est pas si pire. Je ne la perds pas encore, mais elle est plus malléable.

Les fleurs à la boutonnière, c’est réglé. Le bouquet de la mariée aussi. Rouyn Fleuriste s’en charge et fait les livraisons le matin même aux endroits appropriés.

J’avais besoin de renouveler ma garde-robe. Je me suis donc présenté chez J. O. Dubois à Rouyn et le tout s’est réglé assez rapidement. Pas besoin de beaucoup d’ajustements. Les pantalons seront prêts le lendemain. Il va me rester à polir mes souliers comme je le faisais chez les cadets de l’air. Et bien sûr, j'aurai à passer  l’inspection le matin des noces sous l’œil attendri mais perspicace de ma mère.

La robe de la mariée que je n’ai pas vue a été achetée chez Jaymore à Val-D’or. J’avais dû emmener Blanche et sa mère pour le choix et une autre fois pour les derniers ajustements. Et la coiffeuse fut sollicitée une semaine avant le mariage. La journée même, Blanche était en mesure de redonner de l’éclat à sa chevelure. 


Fait à noter, ne me poser pas la question qui a demandé l’autre en mariage, toutes les réponses sont bonnes. C’est venu tout naturellement. Je regarde les photos d’avant le mariage et à voir les visages et les yeux qui se parlent; il ne pouvait en être autrement. Il y a un oui par omission qui a été propulsé quelque part à une question évidente non posée. Ou bien, nous nous sommes sûrement dits : « Fiançons-nous à Noël » et le reste était implicite.

Quand je me suis levé le 9 juillet au matin, il pleuvait et le temps était sombre. Cela ne s’annonçait pas bien, mais pas du tout. Sans doute que les chapelets de nos belles-mères respectives avaient été mal installés sur la corde à linge. Blanche avait aussi mis son chapelet mais il devait y avoir une manière spéciale de  les disposés.  De plus, j’ai mal dormi une bonne partie de la nuit car à l’Hôtel Radio où j’avais pris une  chambre, la musique et les bruits m’avaient tenu éveillé jusqu’à la fermeture du bar et même après. «Jam Session» le 9 mais aussi dans la nuit du 8 au 9.

Mes parents sont arrivés vers les 9 heures et le soleil a finalement percé les nuages et l’humidité a décidé de nous accompagner pour le reste de la journée. Les chapelets avaient donc été disposés de façon divine. Mes parents avaient besoin de certains menus articles que j ai pu me procurer à la Pharmacie Labelle, en face presque de l’Hôtel Radio. Ce fut vite fait. Nous étions prêts.

De son côté Blanche avait fait ses préparatifs avec sa famille. Tout le monde s’était levé très tôt. Sept filles et trois gars a pomponner. Et le matin du 9 juillet, j’imagine que ça devait rouler en grand dans la maison de la rue Taschereau. La course contre la montre. Et j’ai manqué la bénédiction de la mariée par son père devant toute la famille. De toute façon je n’avais pas d’affaire là.

Vers les 10h45, je suis déjà à l’entrée de l’église Ste-Bernadette dans l’attente de voir apparaître Blanche en compagnie de son père. Enfin, une auto bleue se pointe et Raymond en sort. Il sera suivi par Blanche, magnifique dans sa robe, j’allais écrire blanche mais ce serait manqué de vocabulaire, dans sa robe d’une blancheur angélique et de mon beau-père à la cravate ajusté. Même la cravate avait tenu le coup lorsque celui-ci avait béni ma dulcinée avant de partir de la maison et de me la confier pour le meilleur et pour le pire ce qu’il avait fait avec moi quelques semaines auparavant. Cette bénédiction avait eu lieu devant un lot considérable de cadeaux de noce dont quelques-uns existent encore.

Le célébrant, un ami de la famille, Roger Cadotte, le frère de Léa mariée à Napoléon Caya, devait nous donner la communion sous les deux espèces mais il s’est grandement servi et quand notre tour est arrivé, une espèce seulement. C’était sans doute un signe de ce que l’avenir nous réservait. Me réservait. Aussi pendant la cérémonie, lorsque nos vœux furent prononcés, il semble que Blanche a jeté tout un coup d’œil à mère et avec son sourire lui avait signifié que là elle m’avait. Ce fut confirmé par ma mère dans les heures suivantes. Elle m’avait effectivement eu. Elle en était fière, Moi aussi. Elle allait faire partie de mon autobiographie. Nous avions choisi d'écrire notre roman ensemble. Deux prestigieux servants de messe : Guy, mon frère âgé de 11 ans, et Luc Lemoine, mon cousin. Et les cosignataires : Adrien et Dominique. Et nous graffignons aussi le registre officiel. Par la suite  c’est la photo de groupe historique : tout le monde sur le perron.  


Longue procession dans les rues de Rouyn pour nous rendre à l’Hôtel Radio complètement à l’autre bout de la ville où un dîner nous attendait et quelques cinquante invités. Le gâteau fut dégusté après de multiples tintamarres de verres entrechoqués par de couteaux, nous avisant, les mariés, de bien vouloir nous lever et nous embrasser. Aussitôt assis, la même cacophonie refaisait surface et nous nous exécutions. Et nous nous exécutions. Et nous nous exécutions.

Le gâteau était bien sûr une pièce maitresse du repas et chacun a pu en avoir un petit morceau, une fois que celui-ci eut été coupé de nos mains agiles. 

Nous avons ouvert la danse avec Ebb Tide que les Platters venaient d’endisquer en 1965 et les invités s'en sont  donnés à cœur joie jusqu’à la fin de l’après-midi. Nous avons quitté vers les 15h30 afin de nous rendre au Studio Bolduc et réaliser des photos pour notre album. M. Bolduc en avait pris à l’Église et n’était disponible qu’à 16 heures pour des prises individuelles à son studio. C’est ce que nous avons fait et l’humidité qui régnait est visible sur nos visages et sur mon nœud de cravate. Une chaleur accablante. Une humidité exténuante.

Au logis, Blanche délaisse sa robe de mariée pour un costume saumon, deux pièces, et nous retournons à la salle de réception de l’Hôtel après avoir jeter un coup d’œil aux nombreux cadeaux qui remplissaient une partie du salon. A l’hôtel nous faisons le tour de nos invités une dernière fois avant de nous rendre à nouveau avec nos familles respectives sur la rue Taschereau une fois le bouquet lancé et attrapé par Denise Gélinas, celle qui accompagnait Blanche en janvier 65 au Moulin Rouge. Ça lui revenait de droit.

Vers les dix-huit heures nous quittons nos parents et nos familles qui sont chez Simonne et Adrien et nous embarquons dans notre Nelly. C’est ici que se termine le film du mariage car un film a été tourné par Raymond sur du 8 millimètres. Aussi nous avons le plaisir de revoir la cérémonie et quelques activités de la journée. A notre retour de voyage de noces, Raymond s’est fait un plaisir de nous le faire visionner. Et Raymond, toutes les fois que nous avons revu le film par la suite, s’est amusé à ouvrir la porte de Nelly dès que je la fermais, en reculant et avançant la bobine sur son projecteur, de sorte que nous aurions pu arriver en retard au motel si cela n’avait pas été de la fiction.

Tout ceci avant de prendre le chemin de Val-d’Or où la chambre 45 nous attendait au Motel l’Escale. En nous y rendant, à la traverse de chemin de fer de McWatters, le capot de la Rambler décroche et nous arrêtons afin de régulariser la situation (c’est-à-dire que nous attachons le tout avec de la broche) et nous atteignons le motel vers les 19h30.

Jusqu’au dimanche matin, le texte est censuré. Nous pouvons donc reprendre le récit après avoir presque vidé une bouteille de Bacardi et manger notre repas chaud, froid. Ceci nous amène au restaurant Capri pour le dîner immédiatement après la messe de 10 heures à l’Élise Saint-Sauveur, car nous avons dû sauter le déjeuner pour communier. L’Oiseau bleu nous a ouvert ses ailes pour le souper. Nous avons en cette deuxième nuit étrenné nos draps au 576 de l'Avenue centrale, appartement.

Et le lendemain matin, un premier voyage à Montréal en ce qui me concerne. Blanche avait déjà fait un stage à l’Institut du Bon Pasteur, où les maladies contagieuses étaient traitées. Donc en route vers le sud: Louvicourt, Dorval, le Domaine, Grand-Remous. Il y avait des barrières au nord du parc La Vérendrye et au sud pour contrôler le flot de circulation. Sur la photo la barrière nord. C’est tout nouveau pour moi car j’ai fait le voyage une fois en autobus pour me rendre à Ottawa. Au bout de la 117, l’autoroute payante, la 15. La métropolitaine et soudainement à gauche, le motel Diplomate vient à notre rencontre et nous l’avons adopté pour la nuit.

Le lendemain, nous nous sommes rendus dans le secteur de l’Université de Montréal  pour visiter le musée de cire au coin des rues Côte-des-Neiges et Queen-Mary non loin de l’Oratoire St-Joseph. Et par la suite le pont Champlain que nous avons traversé à l’aide de quelques 25 sous et un ou deux postes péages afin de nous rendre à Granby par l’autoroute 10.

De Granby, Nelly nous conduit à Magog, où nous avons procédé à la location d’un petit chalet sur le site de Crystal Beach. Plus de cinquante ans plus tard, impossible de nous retrouver dans ce secteur. Mais à l’époque nous avons profité de ce pied à terre pour une semaine en visitant tout autour dont à Granby  le Zoo et le Musée des autos anciennes. Sherbrooke nous a aussi vu avec notre caméra. Très belle région et nous nous sommes promis d’y revenir. C’est ce que nous avons fait 31 ans plus tard en achetant une maison à Ange-Gardien.

Et pourquoi pas quelques jours à Québec où j’allais pour la première fois. Blanche y avait séjourné pendant son stage à l’Hôpital St-Michel Archange et au Pavillon Robert Giffard. En passant devant ce lieu des maladies psychiatriques, nous avons bien constaté que notre voyage se situait pendant la grève des infirmières. Nous sommes le 15 juillet et cette grève se terminera par la première convention collective dans le secteur de la santé trois semaines plus tard, le 3 août. De retour de Québec par la 40, nous avons fait un stop chez les Gélinas, voir la Denise à Trois-Rivières.

Bien que nous ayons encore du temps, nous sommes tous les deux en vacances, nous revenons dans notre pays en passant par Ottawa et North-Bay où nous avons couché. Nous sommes aussi passés sous «The Gate of the North» érigée par des maçons de Lorrainville vers 1950. Et le lendemain nous effectuons un arrêt à Lorrainville et les jours suivants un autre à Rouyn et Noranda. Je reprends le boulot le 1er septembre et Blanche entre au Centre Hospitalier St-Sauveur à la salle d’opération autour du 15 août.

Deux chansons pour fermer ce chapitre. Une de Johnny Cash et June Carter qui aurait pu être la seule à figurer au palmarès. Vous avez les paroles et le lien pour You Tube. L'autre est de Nicola Ciccone: J't'aime tout court.

'Cause I Love You

Johnny Cash et June Carter


I'll sweep out your chimney
Yes and, I will bring you flowers
Yes and, I will do for you
Most anything you want me to

If we live in a cottage
You will feel like it's a castle
By the royal way you're treated
And attention shown to you

I'll be there beside you
If you need a cryin shoulder
Yes, and I'll be there to listen
When you need to talk to me

When you wake up in the darkness
I will put my arms around you
And hold you till the mornin sun
Comes shinin' through the trees

I'll be right beside you
No matter where you travel
I'll be there to cheer you
Till the sun comes shinin through

If we're ever parted
I will keep the tie that binds us
And I'll never let it break
'Cause I love you

I will bring you honey
From the bee tree in the meadow
And the first time there's a…

Chanson:  https://www.youtube.com/watch?v=KU1X6B2PdHU



Changement d'idée: 

                          J't'aime tout court

Nicola Ciccone


J't'aime tout court
Sans beaucoup ni vraiment
Sans faire peur ni semblant
Sans condition ni règle
J't'aime tout court
Sans peut-être ni seulement
Sans parure ni diamant
Sans artifice ni chaîne
J't'aime tout court
Sans tambour ni canon
Sans vainqueur ni perdant
Sans belle promesse ni piège
J't'aime tout court
Sans orage ni volcan
Beau temps comme mauvais temps
Au profond de moi-même
Tous ces mots, ce ne sont que des mots
L'amour n'est qu'un seul mot
Lorsqu'il est pur et simple
Tous ces mots, ce ne sont que des mots
Je n'ai pas besoin d'eux
Pour te dire que je t'aime
J't'aime tout court
Sans virgule sans accent
Sans détour ni serment
Sans complexe ni gêne
J't'aime tout court
Sans une limite de temps
Au passé au présent
Bien au-delà du rêve
Tous ces mots, ce ne sont que…

Chanson

https://www.youtube.com/watch?v=OcxWlbBp9pw

 




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