Pourquoi j'écris

La vie, ce n'est pas ce qu'on a vécu, mais ce dont on se souvient.

Gabriel Garcia Márquez



Pourquoi j’écris mon autobiographie. Je peux répondre : parce que j'écrivais. Fait surprenant, lors des retrouvailles des anciens du Collège, de me faire poser la question par deux confrères, à des moments différents : « Écris-tu toujours » dans un cas et « Qu'est-ce que tu écris de ce temps-là? ». Wow. Après plus de quarante ans. Nous étions en 2005.

Je me souviens: j'écrivais beaucoup. Effectivement la plume glissait de façon régulière dans mes cahiers sur la recommandation de mes enseignants de français et principalement le père Beaudoin qui voyait en moi un Nelligan, un Lamartine, un Verlaine. Plus osé, il aurait pu pressentir un Baudelaire ou un Sartre. Les auteurs québécois ne semblaient pas avoir une niche reconnue à ce moment-là. Mais cela va venir avec la révolution tranquille qui s'amorce et l'effet de Félix Leclerc et de quelques autres artistes et écrivains.

Le 26 mars 2011, j'assiste à un atelier en compagnie de cinq autres personnes : « Écrire un roman ». Ma venue à cet atelier ne relève pas du hasard. Je me prépare à écrire quelque chose : un roman, un écrit autobiographique. Depuis quelques années, un rêve m'habite : laisser à mes enfants et mes petits-enfants, un héritage, le seul sans doute à part quelques valeurs.

À ce moment-là, je pensais à un roman autobiographique en partie mais tout ce que je pensais me laissait perplexe devant l'énormité de la tâche. En plus, il fallait que je trouve une intrigue intéressante et que je la développe intelligemment. Un adjectif et un adverbe qui devaient jouer sur le même terrain. Fallait y penser très sérieusement.  Donc cet atelier, un des premiers d'ailleurs, m'invitait au roman. J'ai bien dans mes tiroirs quelques idées d'intrigues mais je bloque sur le fond. La forme, cela peut toujours aller. Mais le fond, la substance du roman m'inquiète, m'apeure. Je crois, à tort ou à raison que je n'ai pas assez d'éléments dans ma vie pour romancer une autobiographie. Je n'observe pas assez. Mes sentiments et mes émotions sont beaucoup trop dans l'ombre pour resurgir ici et là de leurs tranchées et donner des couleurs et des saveurs aux faits et gestes de mes héros, de mon personnage.

Un an à écrire des lignes à partir d'un très beau plan, mais cela ne valait rien. Du coq à l’âne. Le rire que je viens d'entendre n'en était pas un autorisé. D'une période de vie à une autre avec des rétrospectives, des retours. Un méli-mélo.

Toutefois, j'avais amassé des écrits, des photos, divers documents. J'avais tout ce qu'il fallait à un historien pour procéder. Mais mon incapacité d'en faire une suite logique ou comme mentionné tantôt intelligente et intéressante, reculait mon rêve.

Dans la même année, à Rivière-des-Prairies, on donne des ateliers ayant comme titre « Partage des mémoires ». Dans la description de cette activité, je sens que j'approche d'une formule intéressante. Je m’inscris. Ce nouveau départ, avec Juliette Driess, me permettra, j'ose croire, de réaliser mon autobiographie. J’y fonde de l’espoir, de grandes espérances.

En pensant à mon autobiographie, il m’apparaît clairement que des jalons de ma propre histoire m'étaient inconnus et qu'il me fallait d'abord rechercher les éléments qui me permettraient de livrer mes souvenirs. La méthode idéale pour la partie de mon enfance et de ma jeunesse aurait été de revoir mes parents quelques heures pour reprendre des questions jamais abordées. Par exemple, je n'ai jamais tellement posé de questions sur la façon dont ils s'étaient rencontrés. Tout ce qui entoure ma naissance est vague tout comme le choix de mon nom. Pourquoi mon père n'a pas fait la guerre? Je pense à son problème de dos mais qu'en est-il vraiment? Pourquoi est-il le contracteur, patron de ses propres frères, etc...? Comment il faisait pour contracter dans les premières années? Des blancs. Des trous. Des vides. Nos discussions portaient bien plus sur le travail à exécuter et sur la planification de ceux à venir. Ici et là, on s'échappait de la tâche à réaliser mais pas beaucoup. Très peu. Travailler et prévoir! Quelles furent les enfances de Laura et Dominique? Beaucoup de questions qui demeureront sans réponse. Je veux éviter la même chose à mes descendants.

Je me prends donc la main et je dois tirer un peu. Je m'amène faire un tour dans mon passé. Par la main et les yeux dans le rétroviseur, j'écris pour revivre ma vie. J'écris pour redessiner une époque car plus de 77 ans doivent témoigner de nombreux changements sociaux, économiques, religieux et politiques et j'imagine qu'ils seront signalés ici et là.  D'une certaine façon, j'ai participé à la petite histoire. Je crois bien que l'Histoire ne m'attribuera pas un chapitre, un paragraphe, une ligne. Tout au plus j'aurai droit a un épitaphe avec deux dates. Je suis mieux de m'en occuper moi-même.

C'est aussi une façon de rendre hommage à tous ceux qui ont fait partie de mon quotidien et qui m'ont façonné d'une certaine manière. Beaucoup de personnes que j'ai côtoyées m'ont marqué, ont laissé des traces, des empreintes. Ainsi des allusions, par exemple, à mes oncles et mes tantes le sont beaucoup plus pour moi que pour mes enfants et petits-enfants. Leurs noms, leurs lieux, leurs gestes ne leur diront sans doute rien mais à moi ils m'en disent énormément et éclairent le volet esprit de famille. Il en est ainsi de mes ancêtres éloignés et rapprochés, de mes parents et beaux-parents, de mes sœurs et frères, mes belles-sœurs et beaux-frères, neveux et nièces, voisins et voisines, collègues de travail et patrons. Et dans ce bouquet, mes cinq enfants ont aussi modelé ce que je suis devenu tout comme mes petits-enfants, à leur manière. Et celle qui m'épaule depuis plus de cinquante-cinq ans mérite toute mon admiration par ses nombreuses qualités et son amour inconditionnel.

J'aurais pu me limiter à mes propres souvenirs et cela aurait rendu hommage. aux gens que j'ai mentionné plus haut. J'ai osé demander à certains d'eux de m'en parler davantage de sorte je me resitue encore mieux face à eux et aussi, j'ai pu sentir que le fait de broder sur leur vie et leur vécu avait stimuler les discussions et même dans un cas, l'intérêt de produire des écrits. Et si cela pouvait donner le goût à certains d'écrire leurs propres souvenirs, j'en serais fort heureux et au jour le jour, cela se confirme. 

Je vous souhaite donc autant de plaisir à me lire que j'ai à écrire et à creuser mes rides.. Et ne vous méprenez pas si certains faits vous semblent erronés. Robert Evans écrivait : Il y a trois versions à une histoire : la vôtre… la mienne… et celle qui est vraie. Personne ne ment. »

La vie

Ginette Reno

La vie, c'est fait de tout, c'est fait de rien

C'est la chanson du quotidien; c'est un sourire ou une larme

La vie, c'est un oiseau qui monte au ciel

C'est un orage, un arc-en-ciel; des yeux d'enfants qui vous désarment

La vie,  c'est la montée d'un long chemin

À faire à deux main dans la main jusqu'au grand soir où tout s'enflamme

La vie, c'est l'inconnu du lendemain 

C'est le passé qui vous revient comme le regret d'une vieille dame

Ma vie à moi, je l'ai vécu comme j'ai voulu

Je l'ai choisi, n'en parlons plus; je prends mes erreurs sans partage

Ma vie à moi, c'est un combat que j'ai mené

Et si Dieu veut me pardonner, j'irai plus haut que les nuages

etc.

https://www.youtube.com/watch?v=Exgt0eS9Ewg


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