Ma profession

«Parfois la chose dont un enfant a besoin n'est pas dans les plans de cours.»

Citation inconnue.



Déjà un chapitre concerne mon premier travail, en fait ma première année de dur labeur et comme c’est celui-ci qui m’a permis de faire carrière dans l’enseignement avec le même employeur pendant trente-trois ans, je dois intituler ce thème ma profession et il y a bien sûr des redondances pour des raisons insoupçonnées et incontrolables.

En septembre 1965, quand je me présente à l'école Mgr. Desmarais, je me suis vite pris pour un délégué de l'Organisation des Nations-Unies. Beaucoup de races et de nationalités différentes : des français, des belges, un allemand, un chinois, un américain, des haïtiens, et des canadiens, des québécois et des collègues du collège. Si j’en oublie, un petit mot et je corrige le tout sans frais. Donc je me présente à l'école tout près de ma maison de pension au 805 de la deuxième avenue, à cinq minutes du travail, et je reçois des mains de M. André Jetté, directeur, mon enveloppe brune dans laquelle se retrouve mon affectation pour l’année 1965-1966. Les enveloppes brunes ont bien changé depuis cinquante ans mais je ne veux pas faire de politique ou retourner dans la construction.

À ma très grande surprise, j’enseigne l’anglais en huitième, en neuvième et en dixième années et cela même si j’avais dit que je n’étais pas bilingue. En effet, M. Gendron, le directeur-général de la commission scolaire. m’avait téléphoné durant l’été et m’avait demandé si je pouvais enseigner l’anglais dans un groupe en huitième année général. Et il avait lui-même répondu à la question en disant que si je faisais la différence entre « yes » et « no », je n’aurais pas de difficulté à ce niveau. C'est vrai que nous étions encore à l'époque de «John is a boy» et «Mary is a girl». Les temps ont bien changé. La différence entre « Yes » et « No » ne me posait pas trop de problème mais de là à prêcher la bonne nouvelle en anglais, comme les prédicateurs dans Hyde Park à Londres, c’est une autre paire de manche. Mon expérience avec mon père lorsque je devais négocier des contrats dans le nord-est ontarien, allait me servir. Rien n'est jamais perdu. J'en avais patiné un coup et mon coup de patin allait me propulser dans le monde de Shakespeare et de Kipling.

Puisqu’il en est ainsi et que je n’ose pas faire de vagues, j'allais dire de houle, je m’inscris à des cours par correspondance directement de l’Université de Chicago. Et j'obtiens après de multiples sueurs et beaucoup d'écume,  un bout de papier à titre de diplôme dans les mois qui ont suivi ayant très bien réussi mes examens oraux et écrits. Tant bien que mal, je passe au travers les trois années pendant lesquelles j’ai de l’anglais dans mes enveloppes de couleur. La première année, vous le savez, je dois ajouter que je surveillais une période d’étude en onzième année G. Très peu de connaissances en pédagogie, cela va toutefois relativement bien dans chacun de mes groupes. Il me fallait de temps à autre lever le ton et dans un groupe en particulier, j’avais l’aide de Serge, de mon gardien de but. Quoiqu'on en dise, l'anglais n'était pas la matière préférée de mes mousses., loin de là.

L' année suivante,  j’avais dans un groupe de huitième, un élève pour le moins distrayant et disturbant de façon continue. À quelques pas de la porte,  je l’ai soulevé de terre, demandé à un élève de m’ouvrir la porte, et en même temps, le directeur-adjoint passait. Je lui ai remis en main propre. J’ai lâché Richard et M. Robitaille s’en est occupé: « Je vous laisse ». Livraison directe. L compagnie Amazone avait un modèle de livraison rapide; elle s'en est inspirée, c'est sûr!  Le mot a dû se passer car je n’ai jamais eu besoin de mettre un élève à la porte de la classe dans les années futures sauf à la dernière année d’existence de l’École Mgr. Desmarais où nous étions sur deux horaires. J’avais un cours d’histoire qui débutait vers les dix-sept heures le vendredi soir et je suis allé reconduire Jean-Baptiste et Maurice au bureau de la direction  à Paul L. Le lundi suivant, les deux élèves n’étaient pas à l’école. Ils étaient sans douter retourner à la taverne terminer leurs études et obtenir leur diplôme. Ils avaient dépassé les bornes. Et ce n'était pas des bornes-fontaines.

Je viens de l'écrire, nous travaillions sur deux horaires. Le premier cycle commençait tôt le matin et le deuxième vers onze heures.  Ma charge de travail comprenait une ou deux heures de surveillance d'étude au sous-sol de l'église Saint-Sauveur au même endroit où se tenait le bingo certains soirs. J’y suis allé quelques fois avec les Perrier de ma pension. Huit cents élèves, quatre ou cinq surveillants dont M. Robitaille, le directeur du cycle, Marcel Paré, Normand Poirier, Jean-Guy Blouin et moi. Il devait y en avoir d'autres aussi mais la mémoire en est à sa sieste. Je me souviens de ceux-là parce que M. Robitaille, de qui nous achèterons la maison éventuellement, jouait à la bourse et nous a créé un groupe dans le but de nous faire comprendre le fonctionnement de cette activité économique. Tous les espoirs étaient permis. Deux mines cotées à la bourse dont Méta uranium et Cadmium. Niet. Pendant ce temps, je m'intéressais à la mine Kenia. Et que j'aurais donc dû. Des parts de 0.77$ à un certain moment et près de 5$ quelques mois plus tard. Nous aurions donc dû. Ose, ose pas. Avance, recule.

En 1967, des dizaines d'autobus quittaient l'école pour se rendre à l'Exposition universelle de Montréal. Trois choses. Je me souviens d'une cantine à l'Annonciation que nous avions vidé de tout son contenu. Aucune patate, aucune saucisse, aucun hot dog, aucune et aucun de tout ce que vous voulez. Tous les autobus s'étaient arrêtés à la même place et d'autres étaient passés avant nous. Le concessionnaire n'avait pas été avisé. Ce sera différent lors du second voyage. 

Nous logions au Séminaire de Saint-Jean-sur-Richelieu. Et nous étions quatre ou cinq qui avions le goût de sortir un peu pour prendre une bière ou deux et nous avions notre surveillant car les élèves ne pouvaient demeurer sans gardien. : Fernand Gauthier, prêtre et responsable de la pastorale était notre homme de confiance.  Lui « Il » ne pouvait pas sortir. Il n’était pas seul, nous devions être quatre ou cinq par autobus pour le voyage. Nous sortions sans inquiétude. Nous étions libérés. Quant à notre visite de Terre des hommes, c’est très amusant se promener avec une douzaine d'élèves sur les terrains de l'exposition à Montréal, dans une foule immense avec des élèves très enjoués mais aussi collaborateurs. Mais j’étais inquiet en permanence.

Toujours en 1967, le 17 février si on m’autorise une date, une grève d'une journée de tous les enseignants de la province contre le Bill 25, la « loi assurant le droit de l'enfant à l'éducation et instituant un nouveau régime de convention collective dans le secteur scolaire » Les futures négociations se feraient au niveau provincial  et non dans chacune des commissions scolaires et les droits acquis dans les 1200 commissions devaient se fondre en une seule convention. Ces négociations amèneront une autre grève en 1971, une grève du front commun qui durera une dizaine de jours et qui amènera l’emprisonnement de quelques leaders syndicaux dont Louis Laberge de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, Marcel Pépin de la Confédération des syndicats nationaux et Louis Laliberté de la Corporation des enseignants du Québec. Toute une saga judiciaire!

En mai 68 après trois ans d'enseignement d'anglais, je décide enfin de tenter ma chance et d’aller voir le directeur, toujours M. Jetté et lui dire bien timidement, que j’aimerais bien enseigner autre chose que l’anglais. Il fut très surpris. Je lui brosse un historique de ma carrière de trois ans et mes études en cours pour le brevet et mon intention de m’inscrire à l’Université de Montréal en histoire. J’ai reçu un accueil favorable de sorte qu’en septembre, j’enseignerais autre chose. C’était la seule promesse. 

En septembre 68, je me retrouve, toujours avec ma grande  enveloppe,  avec de l’histoire, du français en neuvième année surtout. J’avais un petit ajout avec l’enseignement religieux mais c’est normal, j’avais eu une lettre certifiant mon excellente moralité et ma conduite irréprochable comme à tous les ans. À cette époque les professeurs pouvaient enseigner à peu près n’importe quoi avec certaines nuances, sans doute pas cinquante mais quelques-unes. Plus tard, les conventions collectives établiront des champs d’enseignement et nous devrons travailler majoritairement dans notre discipline, dans celle où nous étions qualifiés mais pas en 1968. Dans les années soixante nous étions réputés capables.

Une de ces années, nous avons passé beaucoup de temps lors de nos réunions du Conseil d’école, à nous chicaner, le mot est juste, à propos des mathématiques qui devraient être enseignées : les traditionnelles ou les modernes ou celles de Marcel Schoos dites modernes, un professeur belge émérite arrivé en 1965 lui aussi mais avec quelques années d’enseignement dans sa valise. Je ne connaissais pas grand-chose dans les deux ou trois programmes mais de me faire l’allié d’Albert Raymond, ancien dans mes classes à Lorrainville et fils de Marcel Raymond, mon enseignant, ont fait en sorte que mes relations avec les tenants des maths à Schoos, étaient pour le moins échaudées. Et c’est resté comme ça même quand l’orientation a été prise concernant les mathématiques et l’achat des volumes de Marcel Schoos si ma mémoire veut bien rester éveillée. Un gros chiard dans ces années-là. Et je ne suis pas au courant de tout. 

Pour donner suite à ma rencontre avec M, Jetté et mon orientation future en histoire, je m’étais inscrit à des cours par correspondance de l’Université de Montréal dans le but d’obtenir ma Licence d’enseignement secondaire dans cette matière. Ces cours me parvenaient régulièrement sur de grosses bobines que j’écoutais religieusement en prenant des notes car le débit était rapide et les pauses rares sauf celles que je faisais. Nous étions en avance sur Zoom. En plus j'avais de longs, d'excessifs travaux à remettre périodiquement comme comparer la révolution française chez deux ou trois auteurs reconnus mondialement.  Quand je dis excessifs travaux , je le constate lors de la correction, quand c'est marqué au gros crayon rouge 95% et une question, sans que les pages aient été tournées: «Pourquoi avoir commencé par Guillemin plutôt que par Malraux».  Nous étions loins des ordinateurs, de skype et des autres gadgets qui m'auraient facilité la tâche. Nous étions encore au temps des gros magnétophones et des grosses bobines. J’en ai bûché un coup. Et ma Smith-Corona ne corrigeait pas les fautes. Pour les plus jeunes, une Smith-Corona est une machine à écrire. J'oubliais, une machine manuelle et pour effacer... il valait mieux ne faire aucune faute.

Pendant ce temps, je terminais aussi ma qualification en enseignement. La lettre de tolérance ne valait que pour cinq ans. Voyages à Amos les samedis matins agrémentés de travaux durant la semaine. D'autres cours aussi. Des lectures. Bref j'obtiens mon papier. Mon Baccalauréat es Art devenait un Baccalauréat en pédagogie. J’étais reconnu avec seize ans de scolarité et les cours que je suivrai en histoire ajouteront quelques pécules dans mon compte de banque d’où l’importance de fournir régulièrement mes attestations d’études.

Puisque je montrais un intérêt certain pour l’histoire et les membres de la direction le savaient fort bien, ils étaient tous au courant que je m'étais inscrit pour ma licence, je devins ipso-facto un candidat pour devenir chef de groupe en sciences de l'homme.  Nouvellement ouvert comme poste par le Ministère de l'éducation. des allocations budgétaires s'offraient aux commissions scolaires. Ainsi dans la plupart des matières ou des champs, des chefs de groupes furent nommés. La libération de certaines périodes d'enseignement surviendra un peu plus tard. Un ajout de plus à la tâche, sans diminution de périodes d’enseignement mais avec un léger montant forfaitaire. Je rencontrais les enseignants par matière et nous épluchions les programmes et les méthodes afin que notre enseignement soit intéressant. Je devais assister aussi à quelques rencontres au ministère de l’Éducation avec M. Bruno Deshaies, responsable des sciences humaines dans les hauts niveaux. C'est de lui que je recevais toute la correspondance qui nécessitait une bonne épuration avant d'atteindre les enseignants en sciences de l'homme.

Dans cette même année, le décès d’un enseignant de géographie, Jules Dionne, fait en sorte qu’on vint me voir et on me dit ou on me demande de prendre des groupes à ma charge. C’est évident que je ne dis pas non. «Il» ne peut pas dire non. Donc on modifie mon horaire pour que j’aie moins de groupes d’histoire et ils en ajoutent  un ou deux de géographie. Je serai encore  plus en mesure de comprendre le programme de géographie du Canada.

Une autre année, je devais enseigner à de gros groupes : j’avais cinquante-et-un  élèves en géographie. De ce nombre, six élèves quittaient et trois autres arrivaient de sorte qu’en histoire j’en avais quarante-huit. J'avais pratiquement les mêmes élèves dans les deux matières.. Expérience que je qualifie de fantastique car le fait d’avoir un si grand nombre d’élèves m’a obligé à revoir mes méthodes d’enseignement et cela a été profitable aux élèves qui en ont travaillé un coup, un coup solide. Et les résultats aux examens du MEQ ont validé notre travail et notre réussite et cela sans faire de discipline sauf les deux élèves qui se sont vus dirigés ailleurs pour terminer leurs études. Ces deux groupes s'étaient très bien classés au niveau provincial. En histoire, j’avais des lectures obligatoires et les élèves par groupe de 2 ou 3 devaient se présenter à mon bureau avant le début de second horaire et répondre à mes questions oralement concernant leur lecture. Et ça fonctionnait. En classe, par groupe aussi bien en histoire qu’en géographie ils devaient présenter un thème que nous avions choisi, en faire la présentation avec du matériel, et rédiger un examen et le corriger. Phénoménal. Plus de travail qu’en temps normal mais que de plaisir même pour eux. Il y avait peut-être d’autres manières de fonctionner mais elle fut excellente et les résultats ministériels remarquables. Je revois encore certaines figures et je leur lève mon chapeau! Dire qu'il fut un temps où l'enseignant recevait une prime pour les groupes qui dépassaient trente-deux. Pas en 1969 ou 70: autre temps autre fonctionnement. C'est l'évolution et c'est bien correct comme ça.

L’année suivante, j’enseigne l’histoire du Canada et j’ai un horaire partiel car je passe de chef de groupe à coordonnateur au niveau de la commission scolaire. Je dois donc me rendre occasionnellement à l’école St-Sauveur où sont les enseignantes de géographie et d’histoire en huitième et neuvième années filles. Je me rends aussi à Malartic, à l’école St-Martin pour mêmes raisons, c’est-à-dire, coordonner les programmes et l’enseignement, voir aux cahiers de charge, les commandes, les réquisitions dans mes domaines. Effectivement en 1970-1971, je serai coordonnateur tout comme en 1971-72, première année de la polyvalente Le Carrefour.

En 1969-70 ou l'année suivante, j’agissais aussi comme agent de développement pédagogique en science de l’homme couvrant pour le ministère la région numéro huit: l’Abitibi, le Témiscamingue et la région de Hull. Mais c‘est une mission quasi impossible à évaluer en termes de résultats, j’enseignais à mi-temps et les distances et les moyens de communication de l’époque ne facilitaient pas la tâche. Aucun moyen financier, aucune structure, aucune direction, quelques mémos, quelques grosses enveloppes ont fait en sorte qu'à la fin de l'année je me retire et je n’entends plus jamais parler de ce poste ni de quoi que ce soit par rapport à ma démission. Et dans les annales du MEQ, rien ne transpire. Pas de médaille, pas de merci de votre contribution. C'est à se demander si ce poste a réellement existé mais j'ai des papiers que le prouvent.

1971, grande  année de  réorganisation  dans toute la Commission scolaire régionale La Vérendrye: ouverture de la polyvalente le Carrefour avec le regroupement de tous les élèves du secondaire de Louvicourt à Cadillac et jusqu’à Vassan. Plus de 2700 élèves dans des locaux prévus pour 2000 avec les problèmes que cela occasionne principalement au niveau des horaires, des locaux et du personnel. Pour ce qui me touche plus directement il s’agit d’organiser le département des sciences de l’homme en neuf en accueillant le personnel et le matériel de autres écoles. Ceci fait en sorte que le chef de groupe que je suis commence un peu avant les autres et planifie l'année qui vient. Organiser le local 272 B qui devient salle des enseignants en sciences de l'homme et préparer une nouvelle pédagogie avec le 273 B qui comportait quatre-vingt-dix sièges : un vrai amphithéâtre avec gradins. Revoir les dossiers et les tâches de mes enseignants et préparer les documents quant à la probation car les nouveaux devaient être superviser pendant deux  ans par un confrère et un membre de la direction. Après ces deux années de probation, le permis était octroyé ou pas ou une autre année pouvait être ajoutée à la probation pour plus de certitude.

Bienvenue au 273 B où nous ferons Denis et moi du «Team-teaching». Le terme le dit: on enseigne en équipe à un groupe d'élèves. Dans mon cas le groupe est composé de quatre-vingt-dix  élèves et nous sommes techniquement trois enseignants attitrés à ces pupilles. Ainsi  par exemple, je donnais un cours d'histoire du canada à tout le groupe. Les cours suivants, le groupe était divisé en 3: un demeurait avec moi pour un atelier sur le sujet; un autre groupe se retrouvait avec Denis pour des travaux pratiques sur le sujet du cours et un troisième groupe se retrouvait à la bibliothèque avec un travail de recherche. Et la roue tournait. Chacun des groupes avait son atelier, son travail pratique et son travail de recherche et on reprenait. De l'organisation, oui mais c'était quelque chose d'intéressant si notre planification était bien faite et nos préparations de cours excellentes. Et dans un groupe de quatre-vingt dix élèves, tu n'a pas de discipline à faire. J'ai eu d'illustres étudiants dans ce cours. Un certain Jean, même nom que moi mais sans aucun lien de parenté. J'ai été son adjoint quand il fut directeur de la polyvalente quelques années plus tard. Je l'ai remplacé en 94-95 quand il a été étudié en Europe. Il fut par la suite  directeur général. 

Mais le 15 octobre, vers 15 heures, on apprend la fermeture de l'école pour une quinzaine de jours : les horaires doivent être refaits. Deux raisons: l'écart entre la clientèle prévue et la réalité et les locaux mal attribués pour l'enseignement. Les horaires pour encore quelques années seront fait presqu'à la mitaine. Vivement l'informatique mais nous sommes en 1971. Il faudra attendre.

Et ce 15 octobre c'est la date qu'avait choisi François pour venir au monde. J'avais droit à ma journée de paternité mais vers 14h30 j'avais dit à Blanche que j'allais faire un tour à l'école. Elle m'avait sûrement dit: «L'école ne fermera pas même si tu n'es pas là». Ah! Ah!. En entrant dans l'école, silence religieux, Charles Bourassa fait son annonce à toute la population de la polyvalente. Le Carrefour ferme. Trop tard!

La reprise des cours se fera au début de novembre une fois que l’organisation scolaire aura repris le contrôle de la situation. Ceci n’aura pas un grand impact sur notre département puisque déjà les locaux attitrés fonctionnaient mais les groupes seront appelés à être refaits en tout ou en partie. Cette période nous a permis de mieux nous connaitre puisque nous venions de trois ou quatre écoles différentes. Ce fut la période aussi où nous avons pu pratiquer le lancer de la balle de tennis au grand désespoir de quelques enseignants du département. Des jours, c’était une vraie folie mais l’ouvrage se faisait quand même.

Dans le but de maintenir cet excellent climat de travail et en dehors des lieux communs, nous avons même tenu des rencontres d’organisation pédagogique une fois par mois chez un des membres du groupe. Beaucoup de travail et un peu de social agrémentaient ces rencontres

Vu que nous parlons de social, les joutes de hockey se poursuivaient toujours dans la ligue amicale même contre la base américaine qui passait en autobus assez souvent sur la septième rue  pour aller pratiquer, tandis que nous, notre partie c'était notre pratique. Aussi, une ligue de quilles s’était structurée. Nos joutes avaient lieu à Bourlamaque le vendredi soir. C'est  sur une de ces allées de quilles, qu’un soir, Camille réussit un bon coup. Quelqu’un lui donne une tape dans le dos et son dentier se retrouve en plein milieu de l’allée. Les marques doivent être encore là. 

Jusqu’au 17 décembre 1968, Blanche et moi pouvions jouer aux quilles allègrement. Par la suite il a fallu trouver des gardiennes dont Francine Genesse et Hélène Boucher. Dans le premier cas, il s’agit d’une étudiante et dans l’autre d’une voisine sur la rue Dorion. 

Durant l’année scolaire, je suivais mes cours sur bobines de l’Université de Montréal, mais il fallait partir tous les étés pour étudier directement dans le centre névralgique de la rue Édouard Montpetit.  Le premier été à la recherche d’un loyer pour six semaines, nous rencontrons, dans un petit centre d’achat voisin de l'université,  Jean-Claude Corvec un ancien de Rouyn qui cherche justement à louer. «Gracias a Dio» Nous signons pour  six semaines à son grand plaisir et au nôtre. Laissez-moi voir dire que sur la rue Dupuis, le coup de tonnerre sur le  Mont-Royal fait un tintamarre impossible à décrire. Je l’ai vécu en tentant de fermer un rideau. Bang. Je me souviens de la lueur maléfique de l’éclair et de l'assourdissant coup de tonnerre simultanément.  Non recommandé pour les cardiaques. 

L’été suivant, en présence des Expos de Montréal qui en sont à leur première saison, , nous habitons juste en face de l’escalier roulant menant à l’université sur la rue Édouard Montpetit. Un jeu d’enfant.  Des promenades  en pousse-pousse avec Chantale. Chez Vito nous connaissait. Paeseno aussi. J'ai assisté à quelques parties des Expos et j'insiste sur un double la journée du 20 juillet 1969. Planté au soleil cuisant sur la ligne du troisième but de treize à vingt-trois heures mais lors d'une journée spéciale: Neil Armstrong a marché sur la lune. Il me semble qu'on nous a montré des images sur l'écran géant du stade Jarry. Et pour les Expos, ils ont divisé le double. Et mes études allaient bon train.

L’été 1970 ne se prête pas à un séjour à Montréal. On décale le tout. Isabelle nous fait coucou le 17 août. Elle grandira et nous retournerons en ville. L’été 71 n’offre pas plus de possibilité. Deux enfants qui vocalisent déjà et un certain François qui cogne à la porte. Et l'ouverture de la polyvalente. On décale une autre fois.

Donc je suis toujours en train de suivre mes cours par correspondance avec l’UM. J’ai trois années d'études de cumuler et deux étés passés dans la grande ville. Une nouvelle orientation de carrière interrompt mon cheminement académique et je dois laisser de côté ce projet que je tenterai par tous les moyens de reprendre mais ce n’est pas encore fait. On m'a donné certains travaux pour compenser mes étés mais ceux-ci étaient insuffisants. Je n’ai pas encore mon diplôme d’enseignement secondaire en histoire et je ne l’aurai sans doute jamais. Et aujourd'hui nous sommes le dix-sept juin 2021 et j'ai toujours 3 ou 6 crédits manquants. Et les enseignants qui me donnaient les cours m'ont lâché: Michel Brunet, Michel Allard, Jean Blain. Le tout dernier à nous faire fausse route: Jacques Lacoursière que j'ai beaucoup aimé et dont les livres m'ont grandement servi. Parfois, j'y pense et je me dis que je devrais bien finir ce cours d'une quelconque manière. C'est à suivre. Depuis que que ce texte  été écrit, j'ai envoyé quelques messages au registraire de l'Université. J'attends des nouvelles à moins qu'il croit que c'est une farce, les insolences d'un courriel. 

Quand je revois cette première année de la polyvalente, je ne peux m'empêcher de penser à un appel à la bombe que nous avions eu je crois en octobre ou novembre. Toute l'équipe d'évacuation dont je faisais partie comme chef de groupe, avait procédé à une fouille systématique des lieux accompagnée par les soldats de la base américaine demandés sur les lieux, par la sureté municipale et sans doute provinciale, Nous étions à une année des troubles d'octobre 70 avec la séquestration de James Richard Cross et l'assassinat d'un ministre du cabinet Robert Bourassa en la personne de Pierre Laporte et la poussière de ces événements tardaient à disparaitre complètement. Il fallait agir  sérieusement bien que dans tous les cas les fouilles se soient avérées négatives. À Montréal, c'était monnaie courante. Bernard Derome en  parlait aux nouvelles et cela faisait germer des idées chez des gens d'ici et d'ailleurs.

Selon les années et les appels qui étaient tous filtrés à la loupe, le directeur de l'école devait prendre la décision d'évacuer ou non. C'était sa responsabilité et non celle de la sureté municipale ou autre. J'ai eu  quelques occasions à décider d'évacuer ou non. Parfois nous l'avons fait, d'autres fois non. Tout un système était place pour évaluer les risques. La décision d'évacuer est plus facile à prendre quoique des risques sont aussi présents autant sur les aspects physiques que psychologiques. La décision de faire fi a un appel est encore plus compliqué et nous devons bien évaluer tous les aspects. Quand il y a trois milles personnes dans l'école et tes propres enfants y sont  également, la décision doit être murie mais tout doit se faire vite et cela peu importe la météo.

Si je parle de le première année, c'est que l'équipe d'évacuation se préparait à quitter les lieux quand soudainement au loin un enseignant en courant avec sa boîte à lunch gesticule et crie: «What is going on?» Jos Cannon n'avait rien compris des messages et cherchait à savoir ce qui se passait. Il ne comprenait un mot de français ou si peu. Quelqu'un avait dû l'échapper dans sa fouille et dans ses avertissements d'évacuer. Je revois encore le film, deux cents pieds à voir mon Jos gesticuler et courir les bras dans les airs. Cré Jos Cannon, va! Je viens, dans ma tête, de revoir le film des événements. Il  tenait non pas une boite à lunch mais un thermos. Sans doute un «English Tea!»

Vers le milieu de l’année ce scolaire 1971-72, première année de la polyvalente Le Carrefour, en février ou mars, le directeur-général de la commission scolaire m’approche et m’informe qu’ils vont ouvrir en septembre une nouvelle école pour tous les élèves qui sont d’âge secondaire mais qui sont encore de niveau primaire quant à leurs connaissances académiques. Et on me voit là comme directeur-adjoint affecté à la polyvalente mais uniquement au niveau de la structure administrative, donc avec plein pouvoir. Bon une autre affaire. 

J'avais fait mes preuves avec les groupes d'élèves qui présentaient certaines difficultés et qui se retrouvaient au secteur général par opposition au classique, au scientifique, au commercial. L’équipe de la commission scolaire était composée de M. Oriel Riopel comme directeur générale et ancien confrère en 1965 dans la salle des enseignants. Il y avait aussi M. Émilien Roy, directeur-adjoint à l’enseignement, ancien directeur-adjoint de la section classique. Aux ressources humaines, c’est M. André Jetté, mon ancien directeur à mes débuts et celui qui raffolait de me donner des groupes spéciaux (et de l'anglais).

C'est parti pour ce qui deviendra plus tard l'enfance inadaptée. Pour se faire, des travaux seront exécutés à l’ancienne école OTJ (Organisation des terrains de jeux) où se donnaient les cours des arts et des métiers. Je connaissais un peu les lieux car j’avais donné des cours aux enseignants qui visaient à obtenir leur qualification pour être capables de poursuivre à la polyvalente au Bloc C, secteur des ateliers. Vous vous rappelez la lettre de tolérance, je donne maintenant des cours. La plupart de ces enseignants avaient aussi cinq ans pour obtenir leur permis d’enseigner. Originaires des métiers, ils devaient obtenir des cours de pédagogie et je donnais un des cours recommandés, l'histoire des civilisations. D'autres enseignants du secteur régulier s'étaient joints à eux toujours pour les mêmes raisons.

L’année 1972-73 s’ouvrira dans un nouvel espace et durant l’été j’aurai aussi mis la main à la pâte pour reconstruire des murs, réaménager des locaux et placer le matériel passablement disparate. Seize enseignants feront partie de l’équipe et de ce nombre treize m'ont suivi dans cette aventure, dans cette expédition à partir de la polyvalente. Imaginez le climat. Très peu de personnel permanent sauf Margot qui aura à me suivre et me guider. Je suis un petit nouveau dans ce domaine. Trois enseignantes du primaire se sont jointes à l’équipe. Quelle équipage!

Cent quarante-deux élèves nous offrent donc leurs plus beaux sourires en début de l'année. Tous les groupes sont bien formés selon les recommandations de leurs enseignants passés et de leurs bulletins. Après deux semaines de fonctionnement, nous réalisons que nous échouerons dans la tâche. Les connaissances des élèves sont beaucoup trop éparpillées et le classement ne donne rien de bon. Des tests communs afin de mieux nous situer quant à eux nous le prouvent et la direction générale accepte que nous fermions l’école pour deux semaines. Pendant ce temps nous bâtissons des fiches d’enseignement individualisées de sorte que les élèves pourront aller à leur propre rythme et celui-ci était très hétérogène. Et la motivation, de quatorze à seize ans et plus, mettons-nous à leur place à peu près nulle. Jamais de réussite  ou si peu. L'échec semblait être leur apanage. A nous d'y voir. Pendant que les enseignants produisent des fiches individualisées en français et en mathématiques,  je travaille avec des parents et des membres des services aux étudiants afin de bâtir une école où les élèves seraient heureux d’y être et d’apprendre.

Ainsi, en bout de ligne, lors de la réouverture de l’école, les élèves sont répartis en 7 groupes à peu près homogènes et selon la réussite et la progression des élèves, ils atteindront le groupe supérieur à n'importe quel moment dans l'année.  Ainsi à la fin de l’année, le groupe des Alouettes est composé de plus de quarante élèves mais ça roule. Dans le groupe le plus faible, il n’y a plus que quelques élèves qui avancent, un bien grand mot, selon leurs capacités.

Lors de la fermeture temporaire, nous avions un dilemme. Une douzaine d’élèves plus âgés, avec des troubles assez prononcés d’apprentissage, plus tard on parlera de troubles graves ou même de déviations multiples ça nous pose un sérieux problème. Nous allons tenter quelque chose. De toute façon nous n’avons rien à perdre et eux aussi. Ils composeront un recueil genre dictionnaire et chacun produira des activités en français, en mathématiques, en arts, en anglais, etc… en regard de ses intérêts. Ainsi, si la chasse à l’orignal est son intérêt marqué, l’élève devra produire des exercices dans les différentes matières et l’expliquer aux autres. Les mots de vocabulaires s'ajouteront aux exercices mathématiques. Il devra également faire travailler les autres élèves sur son sujet préféré. Je pense qu'ils étaient par équipe deux, moins gênant. Les arts plastiques et l'anglais s'enligneront sur les sujets privilégiés. Cela a marché: les petits moteurs, la pêche, la construction, la taxidermie, etc. Douze élèves présents et après Noël, on sent un relâchement. 

Il nous vient idée. Une journée de stage par semaine dans les garages ou magasins ou usines à Val-d’Or. Je rencontre le club Optimiste pour leur faire part du projet. J’ai des réponses positives et ainsi les vendredis les élèves sont dans des « stages » non rémunérés et le relâchement donne place à de nouveaux intérêts. Je passe volontairement par-dessus les accommodations et les courbettes qu'il a fallu réaliser pour que le jeune soit bien accepté dans son  milieu de travail, qu'il n'enlève rien aux employés réguliers. Pensez à toutes les questions de sécurité et de santé. Bref, dans les prochaines années se sera chose commune mais en janvier 1973, non. Et à la fin de l’année, je pense que les jeunes travaillaient là où ils avaient été accueillis. Et même pendant les fins de semaines. De mémoire, il me semble que deux ou trois d’entre eux ont même lâché l’école pour travailler à plein temps. Ils avaient l'âge. Nous avions réussi sinon à notre mesure au moins à la leur. Nos douze apôtres, pas vrai Mireille, Monique, Yvon et Yoland. Et bravo à tous ceux et celles qui ont fait partie de cette randonnée. J'ai des visages, des noms mais je n'ai pas de liste devant moi. Mais j'en vois plusieurs chez les Alouettes, les Aigles, les Étoiles, les Pirates, les Soleils. Il me manque un ou deux noms de classes. Et tous les personnels de soutien dont Margot et les services personnels: merci.

Deux après-midis d’activités par semaine organisées par des enseignants  avec l’aide des parents disponibles.  Un festival étudiant qui s'est étalé sur une semaine et tous les soirs et les jours, les parents étaient présents pour préparer les lunchs et pendant toute la semaine, réaliser les activités et préparer le matériel du lendemain, arroser la patinoire, etc… Et un voyage à Montréal pour une quarantaine d’élèves avec un passage au Forum de Montréal, et une visite  de Montréal incluant le Mont-Royal et un  tour en passant sur le pont Champlain et en revenant par le pont Jacques Cartier le soir. Et l’enregistrement d’une émission de Jeunesse d’aujourd’hui à Télé-Métropole avec entre autres artistes invités Michèle Richard. Un voyage mémorable!

Bref au Patelin, ce fut une année inoubliable mais toute bonne chose à une fin. L’adaptation scolaire allait s'organiser et les enseignants devraient avoir des cours spécialisés, devraient être qualifiés dans ce domaine.  J'ai même pas pensé m'inscrire. Tiens, j’ai sauté mon tour. 

Le Patelin a continué d'exister peut-être un an comme berceau de l’adaptation scolaire  avec des gens qualifiés. La clientèle du Patelin a, par la suite, été intégrée à la polyvalente et la bâtisse est devenue le centre administratif de la commission scolaire. Quant à moi je fus rapatrié à la polyvalente comme directeur-adjoint affecté au présecondaire académique, quelques groupes du secondaire I et tout le secondaire II. La première secondaire est désormais à l’ancienne école primaire  Marie-Immaculée et ne reviendra au Carrefour qui s’il manque de place. Jean Pierre Chénard est le directeur à Marie-Immaculée. Auparavant, il avait fait deux ou trois années à la suite de M. André Jetté à Mgr. Desmarais. A l’ouverture de la polyvalente, c’est M. Charles Bourassa qui en avait obtenu les clés. A mon retour au Carrefour pour l’année 1973-1974, c’est M. Jean Laperle qui assumera la direction pour les trois prochaines années, car Émilien Roy, directeur de l'enseignement avait exercé cette fonction par intérim suite au départ de Charles Bourassa en février. Claudette me secondera dans mon travail. Elle avait débuté, je pense en même temps que moi, en 1965, comme secrétaire. Elle reviendra dans les textes un plus loin.

Fin de juin 1974, Paul L. adjoint à la vie étudiante depuis les débuts du Carrefour, et auparavant adjoint à Mgr. Desmarais quitte pour une autre école. Et devinez quoi, le directeur, je le voyais venir celui-là, me demande si je veux bien prendre cette chaise au sein de l’école : la vie étudiante de l’école, la culture et les sports, et la discipline en IV et V. C’est donc un bain dans tous ce qui touche les activités, le parascolaire dans tous les domaines, le conseil étudiant, le midi, la radio-étudiante, la parade, le spectacle et le bal des finissants, etc… Je ferai donc quelques pas de danse avec Ginette qui m'aidera dans un domaine qu'elle maitrise.

À la même époque, nous vivons le conflit de l'horodateur. En effet les employés devaient s'enregistrer en arrivant au travail et en quittant. Nous devions faire respecter cette consigne et être présent à l'entrée du personnel de soutien le matin comme à la sortie le soir pendant toute cette crise où les employés refusaient d'horodater. Nous prenions les présences à la mitaine. Nous avons pu regagner nos fonctions respectives après un certain temps au grand plaisir de tous et le mien.

Un autre adjoint change de fonction en juin 75, il s'agit d'un autre Paul L. et le directeur effectue le même trajet que l’année précédente et me demande de prendre ce poste de directeur–adjoint à l’enseignement : organisation scolaire (horaires, examens, programmes, les services de l’enseignement comme la bibliothèque, l’audio-visuel, l’information scolaire). Et la liste est de moins en moins étanche. Il me semble qua les tâches connexes pullulent.  Mais au moins, je n’ai pas affaire directement aux élèves: une pause.  Le travail est avant tout d'ordre  pédagogique. Jeannine sera mes bras droit et gauche. Et pour les horaires, il faudrait parler de Hélène, de Claire.

Avant la fin de l’année scolaire 75-76, Je suis pressenti par plusieurs personnes pour remplacer Jean Laperle qui quitte la région. Beaucoup de pression de différents niveaux. Cela ne m’intéresse pas tellement. La principale raison de mon refus vient du fait que nous avons quatre enfants en bas âge, sept, six, cinq et un an, et que je connais un tout petit peu ce que le travail de direction exige en plus des comités, des réunions, etc. Un peu pas mal beaucoup énormément. Il y a aussi le fait que cela fait quatre aux cinq ans que je dois régulièrement me réorganiser et qu’on le veuille ou non cela use. Et je n’ai que trente-deux ans. Si je regarde les chances d’avancement, il me faudrait envisager changer encore dans trois ou quatre ans si je me base sur la durée des directions. Aussi une certaine stabilité me ferait du bien et un retour avec les élèves aussi. Ils me manquent. J’avais la préparation nécessaire pour tous les domaines de l'école car j’avais eu l’occasion aussi de tremper un peu dans le secteur professionnel étant donné l’absence de Gilles T. l’adjoint à cause de maladienet j’avais cumulé des fonctions un certain temps avec l'aide de Jocelyne. Il n'y a donc pas de lettre d'intention expédiée à la commissions scolaire. Toutefois j'avais avec la ferme intention de demander au prochain directeur un retour sur le plancher avec les élèves, principalement dans les bas niveaux car c'est avec eux que j’ai le plus de plaisir.

Paul Langlois prend la barre de l'école. Changement de direction, changement d’organigramme. Je reprends les secondaires I et II pour un an tout en gardant certains dossiers dont je ne me souviens plus. Les années suivantes j’aurai jusqu'en 1981, les secondaire II et le III, qui ensemble totalise près de 900 élèves en plus de certains dossiers dont celui des horaires. C’était aussi la période où je suis en charge de monter les  cheminements particuliers pour donner suite à l'abolition malheureusement de l'enseignement professionnel secondaire court. Les cheminements particuliers  devaient permettre aux élèves d’atteindre le professionnel long via des modifications de programmes et d’avoir un métier qu’on qualifiait de louable par rapport au professionnel court. Nous avions oublié que tous ne peuvent se rendre à des niveaux supérieurs et cela pour de multiples raisons. À ce qu’il me semble on cherche encore aujourd’hui. Dans ce temps-là aussi, on parlait de la réussite scolaire. Cela fait 55 ans minimum que j’entends la cassette, juste la voix qui est différente.

Je reviens à mon secteur qui regroupait quelques fois les secondaires II et parfois le II et le III. Et sous ma pression, disons mon influence, je voulais regrouper les enseignants  d'un même niveau ensemble peu importe la matière.  Auparavant pour rencontre les enseignants d'un élève tu devais quasiment faire le tour le polyvalente. L'élève avait le temps de graduer ou de quitter.  Après de multiples discussions, la table de gestion (regroupement des adjoints et du directeur pour prendre des décisions) était difficile à convaincre par rapport au but que je poursuivais. Avec le nombre d'élèves que j'avais, il y a avait certain cas qui demandaient un encadrement et un suivi régulier et quand tu voulais voir les professeurs de cet élève il me fallait faire le tour de tous les départements, envoyer un mémo, attendre le retour. Nécessaire dans les bas niveaux pour ne pas dire essentielle, cette formule allait servir à l'encadrement des élèves et à de meilleures communications entre tous et chacun, Le matin même tu pouvais voir l'ensemble des enseignants et rapidement prendre des actions. Finalement, mes collègues de la gestion ont fini par admettre ou simulé le bien-fondé de cette nouvelle organisation et le tout fut porté à l'ensemble des professeurs regroupés par secteur. Dans ma tête, on ne pouvait pas faire autrement. La formule fut acceptée et quand j'ai quitté la polyvalente en 1995, le fonctionnement n'avait pas changé. Plein de bénéfices pour les élèves, les enseignants, les services aux élèves et aussi pour les parents dont le point de repère était évident.

Début de 1981, le directeur Paul Langlois  annonce à la commission scolaire qu’il quittera le 1er juillet. Ainsi, j’ai encore de la visite à mon bureau avant que l’année achève, on me presse de poser ma candidature. On m’incite très fortement. On attend de pied ferme ma lettre d'intention. J'avais autant de raison d’accepter que de refuser. Je rédige mon bout de papier et je dois aller le porter à la commission avant la fin de la journée, disons le vendredi 17  avril pour nous donner une idée. Heure limite 16h. 

Ce jour-là, je suis en stage au local d’alimentation en vue de la fabrication des horaires avec un nouveau système informatique et pas moyen de quitter, sans échapper quelques brides sûrement importantes. je suis toujours en charge des horaires et septembre s'en vient vite. L’heure approche. À la pause, j’informe l’animateur que je quitterai quelques minutes avant quatre heures. Vers les 15h30, on cogne à la porte, on me demande. Le directeur du personnel, Claude, est avec sa secrétaire, Noëlla. «Nous attendons toujours ta lettre», qu'il me dit. Elle est dans ma poche de veston.  Je la lui donne. Il l’ouvre. Il la remet à son témoin qui indique quelque chose sur ma lettre et je peux réintégrer mon atelier. Quelques jours plus tard je suis en entrevue de sélection. Suis-je seul ou pas, je l'ignore et je ne veux pas le savoir. Le conseil des commissaires accepte la recommandation du directeur général et me voilà directeur de la polyvalente avec tout ce que cela implique.

Avec l'arrivée du 1er septembre, à l'époque, le calendrier scolaire jouissait d'une certaine stabilité et nous aussi, le visage familial allait être modifié un peu. J'imagine maintenant ma plus âgée, Chantale, tourner en rond autour de la table de la cuisine avant que je ne quitte pour l'école. Elle tournait en rond de façon très visible même et j'imagine ce qui se passait dans sa tête depuis ma nomination. Elle serait à la polyvalente où son père venait d'accoster: «Si je te rencontre dans les corridors, comment je vais t'appeler». Je lui réponds: «Papa!» Elle souhaitait une autre réponse. «Tu as le choix: M. Dénommée ou Gilles». Je ne me souviens pas de son choix tout comme pour les autres qui vont suivre éventuellement. Pascale a dû employer le terme «Papa». 

Le premier juillet 1981, je prends une nouvelle chaise. Une chaise à trois volets. Je suis nommé directeur de la polyvalente mais avec la responsabilité académique du Centre d’orientation l'Étape et l’école secondaire amérindienne du Lac Simon à la sortie de Louvicourt, à l’entrée du parc La Vérendrye.

Au centre d'orientation l'Étape, l'organisation est en place et cela va bien avec l'équipe qui a la charge uniquement de scolarisation. Mais il reste que nous travaillions toujours sur des cas difficiles et le responsable et l'équipe d'enseignants font un excellent boulot avec les responsables de l'institution.

Dans le cas du Lac Simon, c'est un peu différent. Nous travaillons en  très étroite collaboration avec le conseil de bande mais il reste que nous sommes deux mentalités et sûrement que l'une n'est pas meilleure que l'autre. C'est différent. Ainsi il nous faut adapter un calendrier scolaire qui respecte les habitudes de vie de la population. La chasse ouvre, tout le monde va à la chasse. Le pêche débute, tout le monde va à la pèche. Donc un calendrier spécial. Les élèves contrairement à nous se présentent en classe lorsqu'ils voient arriver les autobus. Nous fonctionnons avec l'horloge, avec nos montres. Eux avec le soleil et les sons de la nature. Ils ont du temps. Pas nous. Qui a tort? Qui a raison?

C'est un autre monde. Le choix des enseignants posent aussi un problème, Ceux qui veulent vivre cette expérience là, ça va et il y en a. Un système de transport est aussi mis sur pied pour transporter le personnel de la ville au Lac Simon soit une promenade d'environ trente-cinq kilomètres. Pour certains enseignants, ça va, c'est un choix. Mais ce n'est pas ce que la convention nous dicte de faire. à défaut de volontaires. Aussi, certains enseignants se retrouvent là sans le vouloir et je ne peux croire que c'est bon pour l'enseignant et pour les élèves. Ils font quand même du mieux qu'ils peuvent. Même au niveau de l'habillement, des bijoux, etc. on ne cadre pas toujours bien avec eux. On avait même fait un carnaval étudiant, jusque là ça va mais de là à avoir deux duchesses en robes, faudrait revoir tout ça. Ça ne va avec eux. C'est pas ça leur mode de vie. Aujourd'hui, les habitants du Lac Simon ont plus de modèles pour les aider dans leur motivation. C'est tant mieux. Notre œil n'est pas le même qu'il y a quarante ans et c'est tant mieux. Même moi au niveau de l'histoire que j'ai enseigné, il faudrait réviser et rectifier mes notes. Si c'est ça l'évolution tant mieux. Des auteurs comme Michel Jean et Naomi Fontaine nous brossent un tableau intéressant de leur culture. D'autres aussi mais j'en suis là dans mes lectures. Et tous les reportages télévisuels favoriseront une meilleure connaissance de leur vécu, de leur environnement, de leurs aspirations.

Dans mes souvenirs, les jours de grève en janvier ou février 1983 en raison d’une diminution de salaire de 20% décrétée par le gouvernement Lévesque et toutes les autres coupures que nous devons effectuer dans les budgets réguliers marquent certaines années. A ce compte-là, les services aux étudiants, seul groupe non protégé, nous font à regret résorber certaines dépenses. S’ajoutent à ce phénomène, toutes les tergiversations qui concernent le passage des élèves du secteur francophone vers les anglophones ce qui cause une diminution de clientèle dans notre secteur et qui dit baisse de clientèle, dit aussi diminution des budgets et du personnel toute catégorie confondue. C’est aussi de mémoire, la pire période des horaires troués. à temps partiel. Étant donné un trop grand décloisonnement et une très faible clientèle des élèves de secondaire VI reviennent à l’école et tout en requérant autant de services que les autres et des espaces, ces élèves sont considérés à temps partiel et les budgets affectés en conséquence mais l’encadrement lui ne change pas n'est pas moindre. Les étudiants de secondaire V qui vont chercher soit des mathématiques, du français ou de l’anglais dans les autres niveaux ont le même impact : nous n’avons pas le volume pour donner ce décloisonnement vertical. Qui dit horaire partiel, dit budget en conséquence.

Les sports ont toujours occupé un assez place dans mes actions autant à Lorrainville avec les équipes de hockey et des baseball et fastball qu'au Collège où j'ai pratiqué à peu près toutes les activités sportives, en plus d'occuper le ministère des sports au moins un an sinon deux. Il est donc tout a fait normal que membre de la direction de l'école, je me suis intéressé à toutes les activités du Bloc A, le bloc sportif avec ses activités à l'intra-mural et toutes les équipes locales et régionales où nous avons souvent fait bonne figure. Aussi, je me suis retrouvé au Château Frontenac en 82 ou 83 avec ma mise en nomination comme directeur d'école pour la région de l'Abitibi-Témiscamingue ayant favorisé et développé le sport. Je ne suis pas seul dans cette odyssée, L'équipe des professeurs et des entraineurs mérite une ovation. Nous avons facilité les opérations dans la mesure du possible. Un séjour au Château valait déjà le déplacement et la reconnaissance, un instant privilégié.

Dans les bons souvenirs, je reviens bien sûr les activités étudiantes qui me réconfortent des situations abracadabrantes que nous vivons normalement. Le Centre d’Animation Chrétienne comme paroisse officielle du diocèse bien que travaillé depuis quelques années obtient ses lettres de noblesse je crois en 1983, Pascale y fut baptisée. Le voyage que nous avons effectué su Stade Olympique lors de la venue du pape est un autre moment inoubliable. Nous étions présents lorsque Céline Dion, moins connue, a chanté Les colombes en présence du pape Jean-Paul II le 11 septembre 1984. J’ai aussi d’excellents souvenirs avec les élèves et principalement les finissants car à chaque année ou presque je fus de leur parade de mode, de leur spectacle et de leur graduation. Quel beau temps.

En novembre 1983, j’effectue un voyage échange en Grande-Bretagne avec trois autres directeurs d’école de la région et quatre de la Montérégie. Nous sommes à Londres les fins de semaine et dans des écoles sur semaine. Je serai une semaine au nord de Londres à Shepshed non loin de Nottingham et de Robin de Bois et Lady Marianne. L’autre semaine je suis au pays de Galles. En avril 1984, nous, mon épouse et moi,  recevrons à la maison, à notre tour deux directeurs : Mme. Hemmings et John Parry. J’avais demeuré chez Margueret Hemmings lors de mon séjour au pays de Galles et chez John Fox-Russell à Shepshed. Mais John n’a pas fait le voyage. Ce voyage sera éventuellement raconté. A Shepshed, il s'agissait d'une école élémentaire où j'ai passé la semaine du matin au soir avec les enseignants et les élèves: une immersion totale. Avec Margaret Hemmings en plus de son école secondaire composée uniquement de filles, j'ai visité quelques écoles. Mais 1800 filles, avec des costumes identiques qui se lèvent à ton arrivée avec tous les dignitaires parés de leurs médailles et de leurs banderoles, c'est quelque chose.  C'est frappant: Lewis Girls School. Le décorum britannique, pardon, gallois.

En mai 1984, à la suite d’une réunion de la commission j’apprends que l’école perdra un adjoint, d’autres coupures sont envisagées au niveau du personnel encore là toute catégorie et des budgets courants: les projections de clientèle annoncent une baisse donc moins d’argent. Ça ne va pas bien. Tellement pas bien que le lendemain matin au tout début de la réunion de gestion mon cœur s’énerve. Il s’emballe et les adjoints vont chercher l’infirmière. Joelle prend mon pouls. C’est anormal. J’ai chaud. Très chaud. Des sueurs. La cravate prend le bord. Ma mère est décédée le 19 février, quelques mois plus tôt d’un infarctus : ça me traverse la tête. Je pense vite.

On m’amène à l’hôpital. La machine indique 260 pulsations et je sais que cela a ralenti. Je vois encore la docteure Lysiane Chrétien qui me dit qu’il va me falloir un médecin de famille et je lui réponds qu’elle ferait mon affaire. Elle signe. Je revois encore son sourire. Elle débutait. Elle venait de s’embarquer, Mon épouse est arrivée quelques instant plus tard, le temps d'effectuer le trajet entre la salle d’opération et l’urgence. Je passe la nuit sous observation et je passe des tests. Tout est parfait mais Mme. Chrétien me parle de repos ce qui ne pourrait que me faire du bien. On pense aussi que j’ai peut-être déjà fait un petit infarctus car j’une petite lésion au cœur, minime. Je n’ai aucun souvenir d'avoir eu une attaque et la lésion ne date pas d’hier mais il pourrait être survenu la première nuit à Londres en novembre dernier dernier. Eh que je me sentais mal mais j'ai passé par-dessus ces malaises et continué le voyage. Les enfants sont à l’école et sont pris en charge car les nouvelles vont vite et parfois plus mal qu’elles ne le devraient.

Le lundi suivant, comme de raison, je suis bien sûr de retour au travail et les belles résolutions de la semaine précédente se sont volatilisées. Va donc prendre des vacances en mai et juin là toute l’organisation de la future année se joue. On prendra des vacances à l’été si possible. Il doit sûrement me rester un peu d’ouvrage à faire avec la maison que nous avons commencé à bâtir en 1979. Ça me changera les idées. Je n'ais jamais fait d'autre tachycardie et j'ai pris des médicaments. En 2013, le cœur fera à nouveau des siennes d'un tout autre genre.

En début d’année 85-86, la clientèle nous joue encore des tours et les inscriptions au secteur professionnel sont loin d’assurer le maintien de plusieurs options. Donc le 30 septembre lors de la prise officielle des présences, la diminution est majeure, catastrophique et le directeur n'a pas vu venir le coup. Aurait-il pu? Les conséquences ne sont sans doute par pire que les autres années mais elles s’ajoutent aux aléas que j’ai connus et dont je suis tanné. Jusque-là, nous avions réussi à maintenir l’école en marche malgré tout, de façon à tout le moins acceptable sans trop de répercussions majeures. À ce compte-là je dois dire que le personnel m’a toujours été d’un support indéniable. ou devrais-je dire la grande majorité.  Il est clair toutefois que de légères prises de bec ont eu lieu et des confrontations se sont installées lors de certaines prises de position" En ce qui me concerne les décisions ont toujours été prises en tenant compte des personnes et pour le bien de l’école en essayant d'enlever tout le subjectif qui serpente dans les relations humaines.  Il reste que comme équipe de gestion, tu dois prendre des décisions qui te sont dictées par des lois, par des règlements, par des ordonnances supérieures. Pour certaines décisions ça va bien, c’est mathématique mais pour d’autres tu les prends avec l’éclairage que les gens veulent bien te donner ou encore leur perception. Ton jugement en dépend et celui des autres aussi. Et la marge de manœuvre n'est pas tellement forte, presqu'inexistante. L'essoufflement m'a atteint. 

C’en est trop. Vers la fin du mois d’octobre, une fois que les gros changements ont été effectués et l’école remis sur les rails avec les implications que la diminution de clientèle opère, je demande à rencontrer le Directeur général au Carrousel et pendant que M. Oriel Riopel mange, moi je prends une bière. Je n’ai absolument pas faim. Je fais le tour de ma situation personnelle au niveau professionnel et je l’informe que je m'attends à être absent  un certain temps. Je ne me suis sans doute jamais remis de la tachycardie de façon satisfaisante, une crise de panique à l'été m'a soumis à des traitements, la haute pression contrôlée par des médicaments, les ativans au cas ou. Ca ne marche pas pour moi. Je n’en peux plus. Je suis knockout. Je n’ai pas encore vu le médecin. Ça viendra. Elle me suis de façon régulière. J'ai déjà un abonnement avec elle, Elle doit m'attendre. Mais à terre comme je suis depuis quelques mois ce sera un billet médical le temps de me remettre sur pied. Et une décision quant à la profession suivra. Et de retour à la maison, la compréhension et l'amour de mon épouse et de mes enfants ont fait en sorte que je suis sorti de ce marasme onze mois plus tard. N'eut été de Blanche, Chantale, Isabelle, François, Pascale et Frimousse, je pourrais peut-être cesser d'écrire si je me base sur les psychologues qui se sont succédés. J'aurais cessé d'écrire, il y a de ça quelques chapitres. Mais je suis là. Et tout là. Et mon médecin me l'a confirmé il y a encore quelques heures, nous sommes le 5 juillet 2021 journée cruciale pour les Canadiens contre Tampa Bay. Journée où Denis Shapovalov et Félix Auger-Aliassime atteignent les quarts de finale à Wimbledon.

Ainsi donc je retourne informer mes adjoints de la situation et la direction générale les rencontrera en fin d'après-midi afin de confier à quelqu’un mon remplacement temporaire et de procéder à des remaniements s'il y lieu. Des adjoints avaient déjà  rencontré Blanche pour lui faire part que cela n'allait pas. Ils ne furent pas surpris et puisque mon absence était imprévisible en terme de durée, il fallait quasiment penser de mois en mois mais il ne pouvait pas y avoir de décision à long terme du moins en terme d'organisation. 

Tout au long de mon absence de onze mois, j’ai maintenu le contact avec M. Riopel, directeur général, il est courant de mon séjour à la Maison Jean Lapointe et un mois ou deux avant mon retour, je lui fais par de mes réflexions. Cette fois-ci nous mangeons tous les deux.  Et si c'était à refaire aujourd'hui, nous mangerions tous les deux, trente-cinq ans plus tard, Un autre sur lequel j'ai pu m'accoter. Salut Oriel!

Je reviens au travail le 14 octobre 1986 avec une nouvelle affectation que j’ai demandée. En faisant le point sur la ma situation professionnelle, je ne voulais plus de ces réunions permanentes, des casse-têtes des autres, d’être pris en sandwich entre tous avec fort peu de pouvoir et surtout la présence quotidienne des élèves me manquait et la vie de secteur. Seul dans ta chaise de directeur, ça manque un peu de vie, de vie sociale surtout. J’ai durant l’été demandé une affectation dans un niveau, j’allais dire mon niveau, le secondaire II et un adjoint, Denis B., quittait de sorte que j’ai eu le champ libre et j’en ai bénéficié. Linda et Michèle se partageront le secrétariat et seront mes deux bras forts.

Prioritairement secondaire II et occasionnellement aussi avec le III, les années suivantes ressemblent aux précédentes. En fait elles se ressemblent tous aux niveaux pédagogique et disciplinaire. Cette période qui se terminera en juin 1994, marquera pour moi et pour l’école l’établissement d’un agenda scolaire. J’avais une forme de petit agenda pour mon secteur sur des feuilles imprimées qui permettaient aux parents et au personnel de l’école de suivre les étudiants et donnaient des outils à tous. Avec l’accord de la direction de l’école, j’entame des pourparlers avec des maisons d’édition et nous produisons le premier agenda de l’école en  septembre 1988. Fait paradoxal, amateur de littérature, j’avais choisi un texte de Félix Leclerc dans une des pages et celui-ci nous avait quittés environ deux semaines avant la réception des agendas, le 8 août. Pour certains enseignants, l’occasion était belle de présenter cet artiste de chez-nous.

Durant quelques années, un groupe d’élèves faisait un voyage à Montréal qui incluait généralement deux couchers dans des écoles, une visite au Stade olympique pour voir évoluer les Expos et monter dans le mat du stade, un passage au forum, au planétarium, une tour de ville qui incluait un arrêt sur le Mont-Royal. C’était Passeport-Montréal. A chacune des étapes les élèves cumulaient des points avec leurs résultats scolaires, leur comportement, leur présence, leur participation à des activités parascolaires ou même celles qu’ils effectuaient à l’extérieur des cadres de l’école autant sportives que culturelles. Les élèves ne pouvaient être sélectionnés pour le voyage en raison uniquement de leurs résultats. Il en fallait plus. Et nous partions pour trois jours à la fin de juin. La vente de chocolat permettait cette activité et c’était quelque chose à coordonner et à réaliser car à chaque étape un classement avait lieu. Le classement final autorisait une quarantaine d'élèves à nous accompagner.

Une anecdote que je ne peux oublier. Chiante mais le fun. Nous sommes en mai. Linda, ma secrétaire, appelle un parent pour lui dire que son fils est absent. Le père que je connais bien me téléphone. Il veut en en être certain et me demande de vérifier certaines choses. Je lui confirme. Il veut savoir si la blonde de son fils est en classe. Elle est en secondaire trois et absente. Il est environ onze heures. Je demande au père ce qu'il en pense. Les neurones des parents sont au ralenti Ni un, ni deux, je demande au père de vérifier à la caisse si des retraits ont eu lieu. Pendant que des vérifications s’effectuent,  je vérifie avec le terminus voyageur. L’autobus pour Montréal a quitté 9h30, Il entre à Montréal autour de 16h30. Les vérifications nous portent à croire à une fugue. Un retrait avait eu lieu. J’avise la sureté municipale d’un doute que nous avons et des parents éplorés que nous avons à nos bureaux. Seize heures trente ce soir-là la police de Montréal, la police provinciale  et la Gendarmerie sont au terminus et accueillent nos tourtereaux. Je suis encore à mon bureau avec le père. Le téléphone sonne. Les jeunes ont été arrêtés à la sortie de l’autobus. Le père parle au policier. Les jeunes demeureront au poste, le père descend les chercher. Nous avons eu de la chance. Nous n’avons pas eu besoin de vérifier les absences pour quelques temps dans ce cas bien précis.

Il fut une période un peu moins rose durant ces années. La présence des skinheads. Rien à faire avec ce mouvement qui intimidait les autres élèves. Une fois tous les services utilisés, nous avons dû procéder à une suspension de ces quatre ou cinq élèves qui ne voulaient rien savoir de corriger leur attitude et de venir quotidiennement à l’école avec les vêtements appropriés et le comportement autorisé. Une fois les élèves suspendus, cela a pris quelques jours avant d'avant d'avoir des nouvelles des parents. Les élèves étaient sommés de revenir à l'école et de se comporter entièrement à notre satisfaction, c’est-à-dire en respectant les règlements de l’école. Même les parents de ces élèves refusaient notre demande. au départ. La suspension était effective tant et aussi longtemps que ceux-ci ne se présentaient pas avec leur enfant et ne se conformaient pas à qui était demandé. Cela a fini par se placer mais je vois encore ces parents maugréer contre l’école et nous. Ceux qui se sont présentés à mon bureau avaient revêtu un habit de ville: chemise, cravate, veston, tout comme le directeur. Ce n'était pas le temps de passer des commentaires. J’ai su par la suite que tous sauf un avaient fini par se ranger dans ce que je considère du bon côté mais la période a été difficile. Les parents aussi avaient besoin d’aide. 

Et que dire des cas de drogues qu’occasionnellement tu saisis. Tu es dans le milieu depuis longtemps. Tu connais les parents mais ce n’est pas facile de les informer et de faire en sorte que tous en sorte gagnant, le jeune et les parents, même quand il s’agit de jeune dont les parents sont membres du personnel. Il ne s’agissait pas de punir mais bien d’aider. Mon séjour à la Maison Jean Lapointe avait encore là des répercussions positives. Et il est arrivé quelque fois que nous prenions des élèves avec des senteurs de boissons et parfois avec des bouteilles ou des dix onces. Je pense à deux élèves en écrivant. Un à qui j’avais confisqué un dix onces de boisson et je lui avais dit quand tu gradueras tu viendras le chercher. Il est venu. Dans un autre cas, j’ai téléphoné à son père en lui disant qu’il devait lui manquer deux bouteilles dans le frigidaire. Il ne me croyait pas. Son enfant lui a rapporté le soir.

Le 10 mars 1990, Sandra Gaudet, 14 ans, est enlevée alors qu'elle revenait chez elle à pied, à Val d'Or; Elle est violée, battue, torturée et étranglée. Élève de secondaire III, cela a créé tout un branle-bas de combat dans l’école et principalement dans les classes de Sandra. Les enseignants et les services ont mis la main à la pâte afin que les souffrances soient atténuées et que les étudiants soient le moins perturbés possible mais déstabilisés tout de même tout comme le personnel. Cette mort sordide et répugnante a fait le tour du Québec et Laurence Jalbert en a livré un vibrant témoignage avec sa chanson.

                                          Encore et encore

Laurence Jalbert


Je l'ai vue dans leurs yeux, l'envie folle
De te faire du mal, de te blesser
Je les ai vu t'arracher
Ce qui restait de ton âme et de tes poupées
J'ai voulu les retenir
J'ai supplié, regardé droit dans les yeux
Mais jamais je ne les laisserai t'emporter
Encore et encore
Je l'ai vue dans tes yeux, l'envie folle
De ne pas partir, de rester
Quand ils t'ont fermé les yeux
J'ai hurlé pendant des jours
Jusqu'à m'épuiser
J'ai voulu les  retenir
Supplier, regarder droit dans les yeux
Mais jamais je ne les laisserai t'emporter
Encore et encore
J'ai voulu les retenir
J'ai supplié, regardé droit dans les yeux
Mais jamais je ne les laisserai t'emporter
Encore et encore
Tout à coup le vent se tourne vers moi
Me fixe, me regarde droit dans les yeux
Me dit: "Je t'avais mise en garde
Je t'avais prévenue qu'elle était à nous deux"
J'ai tellement voulu le retenir
Supplier, regarder droit dans les yeux
Mais jamais je ne les laisserai t'emporter
Encore et encore
Je l'ai vue dans leurs yeux, l'envie folle
De te faire du mal, de te blesser
Je les ai vu t'arracher
Ce qui restait de ton âme et de tes poupées

https://www.youtube.com/watch?v=N88CUrJnMB4


L’année 1992-1993 n’était pas encore terminée que je reçois encore une fois la  visite du directeur général.  Je commençais effectivement à
m’ennuyer de ces visites périodiques. Je me doutais bien de ce qui s’en venait. Le directeur du temps, Jean Denommé s’en allait étudier un an en Europe et puisque je connaissais la fonction et tout le tra-la-la, le Conseil des commissaires me voyait bien là pour l’année suivante. Un an ça me va. Je vais encore  reconnaître les élèves dans les corridors, un peu moins de discipline pour un an ne me fera pas tort et j’avais déj
une idée derrière la tête. Afin de souligner mon départ l'équipe du secondaire se ramasse à notre chalet à Saint-Marc-de-Figuery et deux photos ne suffisent pas à vous les montrer tous.

C’est ainsi qu’en juillet, je prends une chaise connue et la chaise de l’un de mes anciens élèves à qui j’avais enseigné lors de l’ouverture de la polyvalente dans la classe de 90 élèves, en team teaching, et qui deviendra dans quelques années le directeur général de la commission scolaire. Le passage s’est fait en douce. Je m’attendais à une année de stabilité et de continuité ce qui fut le cas pour l’ensemble de celle-ci mais à la remise du bulletin maison en octobre, un événement est venu modifier le cours des choses.

Au lendemain de la remise des bulletins aux parents, Doris, une de mes adjointes m’informe d’une situation inacceptable. Un professeur en autorité aurait eu « des comportements inappropriés» chez lui avec deux jeunes filles. Les parents, que je connaissais,  en avaient informé l’adjointe et désiraient que des actions soient portées et qu’ils étaient prêts à signaler une plainte et à aller jusqu’au bout. C’était très important que les parents et que les deux élèves se tiennent jusqu’au bout car il était arrivé deux ou trois fois dans le passé que les éléments de preuve se retirent de sorte que nous ne pouvons pas aller très loin même si le message passe auprès des enseignants visés et auprès du syndicat. Dans ce cas précis, dans le respect des conventions collectives, l’opération a été menée à terme et l’enseignant jugé. Aussi dans ces situations délicates, tout doit être vérifié et faire en sorte que des personnes ne soient pas détruites faute de preuve et en se fiant seulement sur des allégations. Nous avions jadis porté quelques cas à la commission scolaire mais les preuves s’étant étiolées, les enseignants, à ma souvenance deux, ont dû mal dormir un certain temps, et ils ont dû corriger leur comportement mais cela s'arrête là. Dans un autre cas, je vois un adjoint avec un dossier mais sur des ouï-dire, sans preuve, sans victime, sans nom,  l’affaire sans être classée était repoussée. Nous avions quand même intérêt à demeurer à l’affut des comportements et des attitudes en vue de protéger aussi bien les filles que les garçons. Nous aurions davantage souhaité  travailler pour l’ensemble des élèves et pour l’ensemble du personnel mais c’est souvent, trop souvent le lot de nos gestes quotidiens. Les urgences arrivent vite au bureau et doivent repartir avec une solution ou encore avec un espoir pour ceux  qui en sortent.

Le directeur revenant à son poste en juillet 94, et puisqu’il me fallait m’adapter à nouveau dans une autre fonction au niveau de la polyvalente même si j’en connaissais les rouages, j’ai formulé une demande qui a été acceptée. Cette fois je me suis présenté au bureau du directeur-général et non l'inverse. Je demeurais à mi-chemin entre Val-Senneville et Val-d’Or et j’estimais que je serais en mesure de bien administrer l’école primaire  pour les six prochaines années, le temps qu’il me restait avant de prendre ma retraite. Serge dirigeait l'école St-Isidore depuis quelques années et je savais qu'il voulait revenir à Val-d'Or.

Je quitte donc un groupe formidable avec lequel j'ai travaillé de multiples  années. Nous  avons  besogné
fort mais nous avons aussi eu du plaisir même avec nos spectacles devant les étudiants à quelques reprises. Tous les enseignants sur scène et les jeunes assisent à nos prouesses. Fallait le faire, se donner en spectacle! Mais le rideau est tiré. Au claquement des doigts, les lumières s'éteignent et lorsqu'elles reprennent vie, c'est un tout nouveau décor qui se dessine. J'ai deux mois pour m'approprier ce qui sera le terrain de jeu ma nouvelle occupation.

A la fin du mois de juin, Serge me donne un bon briefing sur l’école aidé aussi par Noelline qui en connait le fonctionnement sur les dix doigts de la main. Elle est secrétaire depuis un temps certain et connaît les élèves et les parents puisqu’elle est originaire de la place. Je passe un certain temps avec Gaétan, mon futur concierge. Je rencontre aussi les enseignants (la règle de la priorité du masculin sur le féminin dans les accords grammaticaux). Et le premier juillet, j’accoste à l’école St-Isidore et me prépare à relever un nouveau défi sans doute le dernier mais qui sait.

Deux mois pour me familiariser avec tous les aspects de cette nouvelle fonction, apprivoiser le régime pédagogique et les programmes, m’acclimater à la structure, aux règles de vie. J'ai revu aussi tous les dossiers des élèves.  Les derniers jours du mois d’août sont aussi pleins d’apprentissages. Mais j’ai un bon groupe et ces jours se passent bien. Je n’ai pas toutes les réponses et d’ailleurs je n’ai pas toutes les questions. Les unes comme les autres verront le jour tranquillement. La fabrication des horaires me donne un bain rafraichissant. J'en avais connu des pires.

Fébrilité, nervosité et tout le kit, c’est l’entrée des élèves. J’aurais aimé aussi être dans le fond de la salle pour voir cet énergumène sortir des papiers de sa poche de veston et se livrer à un vibrant discours de la rentrée scolaire face à des élèves assis par terre et silencieux jusqu’au moment où ma conscience me donne un coup de coude dans les cotes et me dise: « Ça va faire ». Je range mes feuilles au grand soulagement des enseignantes et je souhaite une bonne année aux amis qui sont devant moi et c’est parti. On reprend les rangs et l’action se passe désormais en classe avec les titulaires. Mon savant discours du secondaire n'a pas survécu. Une acclimatations à faire et à accélérer. Un autre monde complètement. Dépaysement total. Je vais m'en remettre.

Souvent à la récréation, je suis avec les enseignantes à la salle de repos et je m’imprègne de cette nouvelle vie. Si je vais à l’extérieur, beaucoup de petites mains se tendent vers moi et m’accompagnent dans la cour de l’école. On est loin du secondaire. C’est un autre monde.

Je m’étais imaginé que j’aurais du temps pour travailler car les autobus prenaient les élèves aux environs de 15 heures. Mais ces professeurs-là, ça ne part plus de l’école. Elles travaillent dans leur classe. Elles préparent le matériel pour le lendemain, corrigent des travaux, décorent la classe et ça veut le code du système d’alarme et une clé pour entrer tôt le matin. Bref elles sont chez elles. Les questions se promènent dans les corridors et les réponses connues prennent le même chemin. Le psychologue est à l’école, on a deux ou trois questions. L’infirmière et la travailleuse sociale ne perdent rien pour attendre. Au passage, le concierge se sent interpeller. Et le directeur passe, une ou deux questions, quelques observations. Bref une vie scolaire tout en couleur et les premiers bénéficiaires, les élèves. De toute beauté à voir travailler ce monde-là. 

Durant ces quatre années, j’ai pu apprécier encore davantage l’engagement des enseignantes et du personnel de l’école. Beaucoup d’activités pédagogiques et culturelles ont été mise sur pied pour assurer encore plus un milieu de vie. Je me souviens entre autres de la semaine de la lecture avec une participation et une implication de l’école au Salon du livre. La semaine de l’éducation physique où les élèves devaient cumuler individuellement ou en groupe les pas qu’ils faisaient et sur une grande carte du Québec nous additionnons quelques kilomètres de plus chaque jour jusqu’à faire tout le tour du Québec. Fallait voir les jeunes le matin en entrant: nous sommes à Rimouski, nous sommes à Gaspé. 
XXXXPhotos
Les mois de décembre étaient féériques. Toutes les classes avec les titulaires et le professeur de musique préparaient un spectacle avec toutes les implications que cela avait : costumes, décors, etc. Que dire du 50e de la municipalité sous la responsabilité d’Élisabeth Larouche à qui j’avais déjà enseigné l’histoire du Québec et qui est devenue ministre des Affaires autochtones dans le gouvernement Marois en 2012. Nous avons ouvert les festivités avec notre spectacle de Noël agrémenté de la participation de tous les dignitaires disponibles aux alentours et bien sûr des anciens de la paroisse, du maire et des conseillers.

Avec un budget de moins de 10,000$, j’avais de la difficulté à créer certaines activités ou répondre à certains besoins de notre clientèle. Ainsi je voulais leur donner, en parascolaire, des activités informatiques, des cours d’anglais, des cours de récupération dans différentes matières ou des activités juste pour le plaisir. J’avais besoin de sous. Dans les années précédentes j’aurais voulu m’associer avec une compagnie pour réaliser par exemple mon voyage annuel à Montréal. L’école et la commission ne semblait pas entichées  de cette idée craignant la concurrence et ne voulait pas voir de publicité dans l’école. A Val-Senneville, je connaissais le directeur général de la Mine Beaufort installé dans la municipalité. Je prépare un projet et je vais au quartier général des Mines Aurizon. J’explique en gros mon projet et je sors du bureau avec 10,000$ que j’applique à mes projets. Et ce qu’on veut savoir à la fin de l’année : est-ce que cela a été utile. Pas besoin de faire approuver les projets. Je les réalise. J’emploie la subvention à bon escient et je mentionne le nom de la Mine Beaufort. Pas de chicane, pas de publicité, seulement des jaloux. Annuellement sur un coup de téléphone, j’avais notre subvention. Je ne sais pas ce qu’il est advenu par la suite. Voyant cela un dentiste qui habitait le village nous facilita l’obtention d’une trentaine de dictionnaire pour la sixième année. Je n’aurais pas dû mais pouvais-je refuser ce cadeau et j’avais fait inscrire le nom du donateur sur les dictionnaires. Je pense que j'aurais facilement appris à être délinquant. Mais dans ce cas précis j'avais l'appui du comité d'école (le nom a tellement changé de fois), dont une des mamans était aussi commissaire du quartier. Un appui de taille parfois quand il s'agit de conserver l'école de 225 élèves pondérés et d'éviter des transferts vers la villes. Le lot des petites écoles. La chose aurait été facile, mais les coudes serrés, l'école existe encore.

Des pourparlers ont aussi eu lieu avec la municipalité pour l’érection d’une patinoire sur les terrains de l’école plutôt que sur les terrains de la municipalité de l’autre côté de la rue. Des ententes entre la commission scolaire et la municipalité ont abouti à une patinoire asphaltée de sorte que l’été les patins à roues alignées se substituaient aux patins à glace et aux parties hockey. Les Foreurs sont venus faire une visite et patiner avec les élèves. J’essaie de me souvenir des noms mis il me semble voir Jean Pierre Dumont, Roberto Luongo et Francis Lessard.

D'entres ententes existaient. La bibliothèque appartenait à la municipalisé et physiquement était reliée à l'école. Des parents bénévoles en assuraient le service pour les groupes d'élèves qui s'y présentaient une fois par semaine. Aussi avec La Caisse populaire pour que les jeunes apprennent à économiser avec les dépôts supervisés par des bénévoles et des membre de la caisse. La caisse a aussi participé à de nombreuses activités dont les concours de dessin auquel les enfants se faisaient une joie de participer. Et toute les activités pastorale en relation avec les responsables religieux de la paroisse. 

Et je ne peux que me souvenir de la fête organisée par les élèves et le personnel. Des souvenirs mémorables d’amour et d’amitié autant à l’école qu’au restaurant où j’avais gouté à la médecine de mes « maîtresses » On m'avait fait promener dans au moins un  restaurants de Val-D'or et sur la rue  avec un accoutrement de retraité le tout suivi  d'un bon souper. 

Le vendredi avant de quitter, le jour où eut lieu la fête à l’école, nous avions organiser un bingo, c’était le dernier jour avant la semaine de relâche. Pour bien comprendre ce qui suit. Je dois dire que je portais toujours une cravate et normalement avec des bonhommes, des « Où est Charlie ». Toutes les chances que j’avais d’en acheter une à bon prix je m’en procurais une. Il n’était pas rare de voir un groupe d’élèves autour de moi admirant une nouvelle cravate. Or, en quittant, j’ai mis sur la table des prix du bingo une bonne cinquantaine de cravates. Elles sont toutes disparues et j'allais écrire en premier, avant les autres prix.

Le cinq mars 1998, je quittais officiellement l'école, pendant la semaine de relâche. Jusqu'à la fin de l'année scolaire 1996-97, je n'envisageais pas de retraite dans l'immédiat et j'"avais même assurer la direction de la commission scolaire que je resterais encore quelques années. Mais durant l'été nous avons visité la région de Granby, de Magog dans but de trouver un chalet, une maison qu'éventuellement nous occuperions à ma retraite. À Ange-Gardien, nous avons préféré ne pas laisser passer notre chance. Sur le bord d'un lac, un grand terrain: nous avons acheté. Le reste est connu ou le sera.

Je suis revenu de vacances et je me suis présenté une dernière chez le directeur général et je l'informe que je prend ma retraite. Surprise inattendue. « Mais tu avais parlé de deux ou trois encore il y a même pas deux mois». «Bien oui» que je dis. «Les choses ont changé.»  Les directeur du personnel fait les calculs d'usage car je ne voulais plus faire l'année au complet. J'avais des journées de maladies non prises, des jours de vacances en attente, etc. Les calculs faits: «Tu peux partir le 5 mars et tu seras payé jusqu'au 30 juin et par la suite ton régime de pension prendra effet.»


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